S'agissant de l'automobile, le gouvernement «n'a pas encore tranché la question de libérer ou pas les licences d'importation de véhicules au titre de l'année 2017». L'Algérie envisage de réduire la facture de ses importations de près de 7 milliards de dollars en 2017 pour qu'elle ne dépasse pas la barre des 40 milliards de dollars, contre 46,72 milliards en 2016, a annoncé hier le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi. «Vu les tendances qui s'annoncent après huit mois d'importations, je pense que nous allons les contenir à moins de 40 milliards de dollars», a affirmé le ministre du Commerce, invité de la Radio publique. Selon lui, le déficit commercial devrait être inférieur à 10 milliards de dollars contre 17,84 milliards l'année dernière. Le taux de couverture des importations sera de 80 à 82%. «Nous ne parviendrons pas à réduire par effet mécanique un déficit commercial qui était de 17,5 milliards de dollars en 2016 et le combler en une année. C'est impossible ! (…). Nous continuerons à travailler en 2018 pour essayer de résorber totalement ce déficit», a ajouté le ministre du Commerce. L'Algérie a importé pour plus de 561 milliards de dollars depuis l'accession au pouvoir du président Bouteflika, selon le plan d'action du gouvernement approuvé mercredi 6 septembre par le Conseil des ministres. Sollicité pour savoir comment l'Algérie a pu passer à un tel niveau de dépenses pharaoniques, Mohamed Benmeradi a rappelé que les importations du pays ont été multipliées par six entre 2000 et 2014, année durant laquelle les achats de l'extérieur ont enregistré un pic de plus de 58 milliards de dollars. D'après lui, environ 65% de la facture d'importation a été destinée aux équipements industriels et aux intrants nécessaires à la production nationale, alors que les 35% restants ont été consacrés aux biens de consommation alimentaire (17%) et aux produits de consommation finale (17%). Pour le ministre, l'explosion de la facture des importations ces dernières années est due essentiellement à «l'ouverture débridée de l'économie nationale, qui s'est faite dans le cadre du plan d'ajustement structurel imposé de l'extérieur», ainsi qu'au recul de la production locale. Sur ce dernier point, le ministre du Commerce a dressé un constat implacable. «Il y a des chiffres assez inquiétants (…) La filière de l'industrie agroalimentaire est passée de 80% à 70% et celle des matériaux de construction a aussi reculé. Il y a très peu de filières industrielles où la production nationale assure une bonne couverture des besoins nationaux en la matière», a déploré Mohamed Benmeradi. Interrogé sur l'incapacité du système des licences à réduire la facture des importations, le ministre a évoqué un phénomène «d'importations massives» durant les premiers mois qui ont précédé la mise en place du régime des licences. «C'est exactement ce qui s'est passé cette année. Avant de mettre en place le contingent, il y a eu des importations massives, C'est-à-dire au moment où nous avons ouvert le contingent et vérifié ce qui a été importé depuis le début de l'année, il n'était pratiquement plus possible de donner dans ce contingent des quantités à l'importation», a expliqué le ministre, en précisant que ce phénomène ne risque pas de se reproduire l'année prochaine. En effet, le gouvernement envisage de revenir à un critère «beaucoup plus transparent», à savoir la mise en adjudication des licences d'importation. «Depuis un mois, un groupe de travail interministériel travaille pour affiner les listes des produits concernés. Nous allons faire en sorte d'éviter que le système des licences pénalise un peu l'approvisionnement de l'appareil de production nationale. Nous allons écarter tout ce qui est intrants et biens d'équipement. Nous allons travailler sur les biens de consommation finale et surtout les biens dont une partie est couverte par la production nationale», a fait savoir l'invité de la radio. La liste des produits soumis aux licences sera rendue publique dès janvier 2018. D'ores et déjà, le pays ne va pas importer de ciment l'année prochaine. «Nous avons même reçu des demandes d'opérateurs qui demandent des autorisations d'exportation», a noté le ministre, précisant que l'aliment de bétail et la banane ne seront pas soumis au régime des licences. S'agissant de l'automobile, le gouvernement «n'a pas encore tranché la question de libérer ou pas les licences d'importation de véhicules au titre de l'année 2017». Selon lui, environ 100 000 véhicules issus de la production nationale ou de montage seront disponibles sur le marché cette année.