Le gouvernement, dont le plan d'action est basé sur une réduction maximale des déficits et donc des importations, ne devrait pas autoriser l'importation de véhicules pour 2017, et reporter cette même décision en 2018. C'est ce qu'a laissé entendre hier, lundi, le ministre du Commerce Mohamed Benmeradi, dans une intervention à la radio nationale. Le ministre a indiqué qu'en 2016, sur les près de 90.000 véhicules autorisés à entrer sur le marché national, 60.000 ont effectivement, été importés. Et, «pour 2017, Renault aura livré, au 31 décembre, près de 60.000 véhicules, Sovac livrera de son côté 25.000 autres, et Hyundai 15.000 véhicules, soit un peu plus de 100.000 véhicules, au titre de la production nationale en 2017», explique t-il, avant de relever que «donc, on n'a pas encore tranché sur cette question de libérer ou pas les licences pour les véhicules au titre de 2017.» Les prix des véhicules ont pratiquement été multipliés par deux depuis le coup d'arrêt des importations de véhicules par les concessionnaires, outre l'explosion de la cote des véhicules d'occasion. En outre, le ministre a indiqué ne pas avoir «d'appréciation»' sur l'importation de véhicules sous forme de kits. Par rapport à l'importation de véhicules qui se fait en pièces détachées, «je n'ai pas encore d'appréciation, il faut donner le temps au temps, et espérer que les autres projets (de montage de véhicules, Ndlr) en Algérie montent en cadence», a-t-il souligné, avant d'indiquer que Renault «va terminer l'année avec un taux d'intégration de 30%», alors que les projets de Relizane et Tiaret «ont un faible taux d'intégration de 5%.' Plus globalement sur le régime des licences d'importation, M. Benmeradi a annoncé que le dossier sera examiné, de plus près, avec la priorité à la production nationale, sans pour autant pénaliser l'Economie. Il a indiqué à ce sujet que «les statistiques montrent que la plupart des produits concernés par le régime des licences, à partir de 2017 ont enregistré des importations massives comme la céramique, le rond à béton, et le bois avant la mise en place des contingents.» M. Benmeradi assure ainsi que «c'est un phénomène, qui ne risque pas de se reproduire, on va faire en sorte que le dispositif des licences soit mis en place dès le 1er janvier». Il a indiqué que «nous travaillons pour affiner les listes et éviter que le système des licences pénalise la production nationale. On va travailler, ajoute-t-il, sur les biens de consommation finale, en limitant les importations dans les branches et filières ou la production nationale existe.» M. Benmeradi annoncera, ainsi, qu'un groupe composé de représentants de plusieurs ministères, travaille depuis un mois «pour affiner les listes et éviter que le système des licences pénalise l'appareil de production nationale.» Il a, en outre, assuré que pour les «biens nécessaires à l'appareil de production, nous veillerons à ce qu'ils ne soient pas limités, pour ne pas perturber le fonctionnement de l'Economie nationale.» Le ministre du Commerce a, également, détaillé les quatre mécanismes qui ont prévalu pour l'octroi des licences d'importation, à savoir : le système Fifo (premier arrivé, premier servi), la mise en adjudication, l'observation du courant des échanges traditionnels, et la prise en compte de l'ensemble des demandes et attribuer les quotas. «Depuis deux ans, on prend la moyenne des demandes et on fait les attributions. Mais, on envisage de revenir au critère de la mise en adjudication des licences qui seront mises en concessions, avec la mise à prix, le nantissement, et cela ira au Trésor'', a-t-il annoncé. Par ailleurs, le ministère du Commerce a annoncé que le déficit commercial serait réduit, en 2017, et ramené de 17,5 milliards de dollars, en 2016, à 10 milliards de dollars à la fin de l'année. Il a estimé qu'il est «impossible de combler un déficit de 17,5 milliards de dollars, en une année, mais sur les tendances de ces 8 derniers mois, je pense que nous allons les (importations, NDLR) contenir à moins de 40 milliards de dollars. De 47 milliards de dollars, on est passé à 40 milliards de dollars, et je pense que le déficit sera ramené de 17,5 à 10 milliards de dollars en 20107», a-t-il affirmé, ajoutant que «nous continuerons à travailler, en 2018, pour résorber définitivement ce déficit.» D'autre part, M. Benmeradi a confirmé que le taux de couverture des importations par les exportations, qui était de 200 %, dans les années 2000, a tendance, aujourd'hui, à baisser. «En 2011, il était de 150%, et en 2015 il est tombé à 67%, et depuis on travaille pour une couverture totale des importations par les exportations l'année prochaine.» Il estime, dès lors, qu'il faut «donc créer les conditions de soutien à l'exportation, même si la véritable question est de savoir si on a des biens à exporter. Le véritable défi c'est, d'abord, régler le problème de la production nationale.» Car entre 2000 et 2017, «les importations ont été multipliées par 6 avec le pic de 2014 avec 58 milliards de dollars». «C'est un montant important, mais 65% de la facture sont allés aux équipements industriels et intrants de l'Economie nationale, 17% pour les biens de consommation alimentaire, et 17% en produits de consommation finale, dont les importations de véhicules, avec 4 à 5 milliards de dollars par année pour l'automobile». Pour le ministre du Commerce, «l'explication de cette explosion des importations est que cela est intervenu, dans un contexte de lancement de plans de développement importants.» Mais, ces importations massives se sont accompagnées par un recul de la production nationale, car au fur et à mesure de l'augmentation de ces importations, la production nationale a reculé. «Des filières industrielles ont été presque saturées, et ont perdu 10% de leur production, les matériaux de construction ont reculé, il y a très peu de filières, qui assurent la production nationale et on a assuré le complément par les importations», a-t-il déploré. Par ailleurs, sur les mesures de restriction des importations prises par le gouvernement sortant, M. Benmeradi a assuré que «nous n'avons absolument rien annulé par rapport aux mesures de l'ex-gouvernement.» «Il y a des licences instaurées pour une famille de 22 produits. Il y a eu des démarches de suspensions d'importation (par l'ex-gouvernement, Ndlr) sur lesquelles on est réservé, car elles ne sont pas conformes à la loi et l'esprit de la loi, mais on n'a rien annulé. Et on a réglé, une bonne partie de ces mesures, puisqu'on a donné les licences pour le rond à béton et le bois.» D'autre part, il a annoncé que les contingents «commenceront en 2018. S'il y a des contingents, ils seront mis en place en 2018, pour travailler sur des listes très précises pour la régulation et non le blocage de l'Economie. Des instructions ont été données pour libérer les marchandises bloquées aux ports et même pour autoriser les pré-domiciliations». Sur les surfacturations, il a indiqué «n'avoir aucun élément pour apprécier cela», avant de se raviser et indiquer qu' «il y a sûrement de la surfacturation, mes services travaillent sur des soupçons de surfacturation et c'est un phénomène connu dans les autres pays où il y a de l'opacité dans les échanges.» «Nous sommes conscients que c'est un problème important (...) de fuite de capitaux. Nous pensons mettre en place un dispositif pour lutter contre la surfacturation», affirme le ministre du Commerce, qui a indiqué que le gouvernement ne va pas contingenter le régime d'importation de la banane, dont le prix a explosé ces derniers jours. Il a confirmé la libération du reste du quota d'importation de 2017, en soulignant que «40% du quota de la banane ont été distribués et nous avons distribué le reste ces dernières semaines.» Il est, cependant, resté assez évasif sur les prochaines discussions algéro-européennes, dans le cadre de la révision de l'Accord d'association, ainsi que la lenteur des négociations, depuis 1987, d'adhésion à l'OMC. Enfin, sur la hausse des prix des fruits et légumes, sur le marché national, il a imputé cette situation à la désorganisation du marché, la situation devant revenir à la normale, selon lui, après la livraison des marchés de gros et de détail, en cours de réalisation.