Le recours à l'émission d'une nouvelle monnaie nationale, en situation de difficultés financières, voire de crise économique, est une option sur laquelle les avis des experts divergent. Bien que certains pays aient opté, dans leur stratégie de sortie de crise, pour une nouvelle monnaie afin de mettre un terme à l'écart considérable entre les taux de change officiel et informel, ou absorber la masse monétaire en circulation en dehors du circuit officiel, le changement de monnaie ne serait tout de même pas une bonne solution, s'il n'est pas accompagné d'une réforme profonde du système financier et de mesures traitant les dysfonctionnements observés à l'origine. Pour l'expert Abderrahmane Benkhalfa, l'émission d'une nouvelle monnaie serait, dans le cas de l'Algérie, la pire chose à faire, car, selon lui, il s'agit d'une option qui s'éloigne de la réalité des choses, en ce sens qu'elle ne traite pas le mal à la racine. Si les pouvoirs publics n'ont pas réussi dans leur tentative d'absorption des fonds circulant dans les circuits informel, avec les divers dispositifs mis en place, la création d'une nouvelle monnaie ne règlera pas, non plus, ce problème et créera, pis encore, «une situation de méfiance et de manque de confiance» au sein des acteurs économiques (consommateurs, producteurs et investisseurs) et des citoyens en général. L'expert Benkhalfa propose plutôt d'agir sur les causes qui ont conduit à l'apparition des différents phénomènes nuisibles à l'économie (taux de change parallèle, capitaux hors circuit bancaire, dégringolade de la valeur du dinar, évasion fiscale, corruption…), tout en faisant adhérer les citoyens, de manière volontariste, aux mesures prises par le gouvernement. L'expert affirme, par ailleurs, que l'émission d'une nouvelle monnaie n'est pas une mince affaire, puisqu'elle nécessite de lourds investissements en un temps très court. Il fera référence à la situation qui prévaut actuellement en Inde, où le gouvernement, mal préparé, a décidé de retirer 80% de la monnaie en circulation, créant ainsi une situation de transition où des millions de personnes se sont retrouvées sans argent liquide, alors que l'économie du pays fortement dépendante des liquidités se voit menacée de paralysie. La création d'une nouvelle monnaie algérienne serait donc une option risquée, au vu de l'instabilité macroéconomique du pays. Il n'en demeure pas moins que d'autres spécialistes n'hésitent pas, aujourd'hui, à appeler à la nécessité d'une nouvelle monnaie nationale qui aura pour objectif de la rendre indépendante des marchés spéculatifs, avec une sortie définitive du cycle interminable de dévaluation. Ansi, soutient l'économiste M'hamed Hamidouche, «la Banque d'Algérie devrait opter pour un nouveau dinar dont la valeur sera divisée par dix, afin de supprimer toutes les pièces métalliques qui n'ont plus aucune valeur et réduire ainsi la masse monétaire circulant sur le marché». Mais pour ce spécialiste, cette option ne saurait être envisagée que lorsque la Banque d'Algérie deviendra une institution totalement indépendante dans ses choix.