Le remplacement du gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) pourra-t-il apporter de réels changements dans la gestion des finances. Peu probable, «puisqu'il fait face, principalement, à un problème d'ordre politique», réagit M'hamed Hamidouche, expert en économie. Le spécialiste explique que le premier responsable de la BA est désigné pour assurer une mission pendant un mandat et «sa révocation ne peut intervenir à n'importe quel moment, sauf en cas de faute grave». «C'est une contrainte qu'il soit soumis à une politique politicienne», a-t-il relevé. En principe, explique-t-il, «un gouverneur prend les décisions de façon autonome et il est responsable durant son mandat vis-à-vis du Parlement, conformément à la Constitution». A cet égard, il est tenu de dresser, devant le Parlement, un bilan annuel chiffré sur les comptes de la nation. Mais, le premier responsable de la Banque d'Algérie fait face à plusieurs défis. Parmi ces derniers, Hamidouche citera «sa latitude de nationaliser Khalifa Bank après plus de dix ans de liquidation, sans que cette opération ne soit close à ce jour». L'expert se demande également «si le gouverneur a la possibilité de conduire une politique de change par rapport à un dinar convertible échangeable au niveau international». Il s'interroge également au sujet de sa capacité de décider avec le Conseil de la monnaie et du crédit concernant la vraie valeur du dinar. «Pourra-t-il passer du statut d'observateur à celui d'acteur concernant le payement électronique ? Peut-il aussi instaurer une gestion transparente des devises ?», questionne-t-il. L'économiste explique, par ailleurs, qu'un gouverneur mène une politique monétaire qui repose sur plusieurs actes. Il s'agit principalement de la stabilité de la monnaie par rapport à la devise, maintenir le niveau des prix des produits de consommation à un taux inférieur à 2%. Il doit également mettre à la disposition de l'économie nationale la masse monétaire en quantité adéquate. Concernant l'emploi, il a pour mission de gérer les taux d'intérêts directeurs de façon à stimuler l'investissement et par conséquent l'emploi qui est une question de politique monétaire et non budgétaire. Parmi les autres missions de la Banque d'Algérie, mener une croissance économique dont les conséquences assurent un revenu aux ménages supérieur à l'année précédente et contribuer, à cet égard, à l'amélioration de la richesse nationale. Selon l'ordonnance du 26 août 2010 modifiant et complétant l'ordonnance du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit, dans son article 35, «la Banque d'Algérie a pour mission de veiller à la stabilité des prix en tant qu'objectif de la politique monétaire, de créer et de maintenir, dans les domaines de la monnaie, du crédit et des changes, les conditions les plus favorables à un développement soutenu de l'économie, tout en veillant à la stabilité monétaire et financière». Elle est chargée de «régler la circulation monétaire, de diriger et de contrôler, par tous les moyens appropriés, la distribution du crédit, de réguler la liquidité, de veiller à la bonne gestion des engagements financiers à l'égard de l'étranger, de réguler le marché des changes et de s'assurer de la sécurité et de la solidité du système bancaire».