La contrefaçon est aussi dangereuse que le terrorisme, sauf que chacun de ces deux phénomènes tue à sa manière. Ce fléau, qu'est la contrefaçon qui se répand comme une tache d'huile et ne connaît pas ses limites, trouve son paradis dans un grand nombre de pays africains. C'est par cet amer constat qu'un expert chargé de la lutte contre la contrefaçon et la piraterie au niveau de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), Christophe Zimmerman, a clôturé sa communication donnée à l'ouverture du séminaire national sur la propriété industrielle et les pratiques douanières dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon organisée hier à l'Ecole supérieure des douanes d'Oran. Ce douanier de l'aéroport d'Orly et fonctionnaire de l'OMD a indiqué, par ailleurs, qu'au niveau mondial la contrefaçon rapporte aux fraudeurs plus de 500 milliards de dollars par an et que la mafia spécialisée dans ce commerce illicite innove tout le temps dans ses pratiques frauduleuses pour échapper au contrôle douanier « parce qu'il faut le reconnaître, cette mafia est très riche et n'est pas sotte », selon ce conférencier qui a cité dans ce même ordre d'idées un exemple très édifiant : vendre un kilo de DVD rapporte plus que rapporte un kilo de résine de cannabis en affirmant qu'une simple matrice servant à fabriquer les DVD dont son poids ne dépasse pas les cinquante grammes peut donner plus de 600 000 DVD contrefaits et dont les bénéfices se comptent par millions de dollars qui échappent au circuit bancaire. Cela amènera fatalement les fraudeurs à chercher d'autres moyens pour blanchir leur argent. Pour ce faire, certains ont érigé de véritables stations d'essence sous le label BP, une marque connue mondialement , mais qui n'a jamais installé ce type de stations dans le pays où ces dernières ont été découvertes. M. Christophe dira ensuite que l'OMD fera de l'an 2007 une année de lutte contre la contrefaçon. Pour cela, les 170 pays adhérents à cette organisation sont d'accord pour mettre au point une stratégie commune pour limiter les grands dégâts humains et matériels que font subir ses hordes de trafiquants à grande échelle à l'humanité, car des milliers, voire des millions, de personnes ont subi et subiront les malheurs de la contrefaçon, notamment en matière d'alimentation, de médicaments ou de pièces détachées. « figurez-vous que nous avons intercepté dans un port européen des plaquettes de frein fabriquées avec un mélange … d'herbes », s'est écrié cet expert qui a annoncé que la contrefaçon a touché même les fruits, notamment la pomme. Une des espèces de ce fruit qui a fait l'objet de longues recherches scientifiques pour qu'il donne la saveur souhaitée est aussi piratée par des agriculteurs fraudeurs, a-t-il indiqué en concluant qu'il va falloir aux pays adhérents à l'OMD faire vite pour mettre en pratique les textes législatifs adaptés aux trafics et d'adopter une stratégie opérationnelle telle l'analyse des risques et de créer des services spécialisés dans la détection des produits contrefaits. Selon ce conférencier, il existe plus de 400 millions de conteneurs qui circulent sur les océans alors que le nombre de douaniers ne dépasse pas le million. Ce séminaire national, auquel ont pris part également les représentants de l'Institut national algérien de la propriété industrielle, prendra fin ce soir avec une conférence dont le thème tournera autour des effets de la contrefaçon sur l'entreprise Unilever ainsi que sur les moyens de la combattre.