Le Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) revient pour sa 10e édition. Une édition anniversaire qui ne promet pas plus qu'un contenu riche et varié, plein de partage et d'échanges, de bonnes et, peut-être, de mauvaises surprises. Ce rendez-vous devenu habituel et incontournable des amoureux de la bande dessinée à l'échelle internationale est prévu du 3 au 7 octobre prochain. El Watan Week-end vous en apporte un petit avant-goût. Le Fibda s'agrandit ! Pour son édition anniversaire de cette année, le Fibda nous vient avec une nouveauté. Les différentes animations et expositions s'étaleront entre deux lieux magiques des hauteurs d'Alger. A savoir l'habituelle esplanade Riadh El Feth et le palais de la culture Moufdi Zakaria situé aux Annassers. Pour faciliter le transport des visiteurs et l'accès aux deux sites, huit bus de 39 places assureront des navettes tous les quarts d'heure. Notons que le tarif des navettes est compris dans la billetterie d'accès. Un budget restreint Eh oui ! Suite à la crise qui touche le pays, le budget alloué par le ministère de la Culture au Fibda ne cesse de baisser année après année. En effet, selon le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, seuls 10% des 176 festivals ont été maintenus et les moyens de financer ne sont plus les mêmes qu'il y a quatre ou cinq ans. «Le budget destiné aux activités culturelles a été réduit. Le secteur de la culture subit la réduction du budget comme les autres secteurs, à part l'éducation et la santé», a précisé le ministre. Quant à l'autonomie financière du Festival, le financier de l'équipe explique : «C'est un rêve sur lequel on travaille depuis des années, mais qu'on ne peut pas réaliser dans les conditions actuelles. Et les sponsors ne suivent pas. Aujourd'hui, les dotations de ses derniers ont été énormément réduites par rapport aux années précédentes.» Sur le Fibda, les conséquences de cette austérité se ressentent déjà. En effet, lors de la conférence de presse animée, mardi dernier, au chapiteau de l'esplanade Riadh El Feth, le commissaire du festival, Dalila Nadjem, reconnaît que l'événement accueillera moins d'auteurs que les éditions précédentes, évidemment en raison du budget restreint. Notons qu'en plus du financement du ministère de la Culture, le Fibda repose aussi sur le soutien des partenaires étrangers, comme l'Union européenne, le Canada, l'Italie et La France. La tarification revue à la hausse Si l'accès aux expos et ateliers du Fibda était gratuit il y a deux ans et fixé au prix symbolique de 100 DA l'année passée, la billetterie des visiteurs aux animations a été triplée pour cette dixième édition. Une démarche qui sert à valoriser la culture, selon les initiateurs. «Adopter le système de la billetterie est indispensable afin de valoriser l'immense travail de qualité réalisé par les artistes», explique Dalila Nadjem. Ainsi des formules ont été établies en fonction de l'âge et des jours de visite. Le prix de l'accès d'une journée revient à 300 DA pour les adultes et 150 DA pour les moins de 12 ans. La formule «semaine» est fixée à 600 DA pour les adultes et 400 DA pour les moins de 12 ans. La formule «week-end» coûtera 450 DA pour les adultes et 250 DA pour les moins de 12 ans. Les enfants de moins de 4 ans auront l'accès gratuit tous les jours et à toutes les animations. Par ailleurs, il est à noter que ce prix assure aux visiteurs l'accès à toutes les activités, dont des expositions, des ateliers, différents concours et des projections de films d'animation, entre autres, étalées sur les deux sites du Fibda, sans oublier la navette. La France, pays à l'honneur «Une terre de BD avec laquelle le Fibda a beaucoup travaillé depuis sa 1re édition.» C'est ainsi que Dalila Nadjem, directrice des éditions Dalimen et commissaire du Fibda, a justifié le choix de la France comme pays invité d'honneur de l'édition anniversaire du Festival. «Après l'Inde, l'Afrique du Sud, la Belgique, l'Italie, le Brésil, le Cameroun ou encore la Corée du Sud, c'était tout à fait normal d'opter pour la France. D'autant plus que nous travaillons en étroite collaboration avec les bédéistes français depuis la première édition du Fibda» a-t-elle indiqué. Pour sa part, Grégor Trumel, nouveau conseiller de coopération et d'action culturelle au consulat de France et directeur de l'Institut français d'Alger, fraîchement installé, se dit très heureux et honoré de débuter sa mission en Algérie par le Fibda. «Cela fait 15 jours que je suis en poste ici à Alger, et je suis heureux de débuter ma mission par le Fibda, considéré comme le plus important Salon dédié à la bande dessinée du monde arabe et de la rive sud de la Méditerranée», a-t-il déclaré. 17 pays participants En plus de la France invitée d'honneur, 17 autres pays, comme l'Egypte, le Liban, la Tunisie, le Maroc, la Belgique, les Etats-Unis, le Canada, Cuba... sont attendus à ce 10e Fibda. De ces pays, quelque 40 pionniers et grands noms de la bande dessinée à l'échelle internationale seront présents. «Nous avons eu ce sens de sélectionner les grands noms et les têtes d'affiche de la BD dans le monde. Ces derniers animeront des rencontres, conférences et autres ateliers de qualité pour le public algérien», indique Dalila Nadjem. Des concours et des prix seront disputés Comme chaque année, des concours et des prix attendent les amateurs du 9e art. Aux bédéistes professionnels, algériens ou étrangers, le concours professionnel du festival est ouvert à tous les auteurs d'œuvres inédites ou éditées en 2016 et 2017. Pour les jeunes amateurs de bande dessinée, un concours est destiné aux «Espoirs scolaires» en deux catégories (12-15 ans et 16-18 ans), alors que les dessinateurs âgés de plus de 18 ans sont conviés à concourir pour le «Prix d'Excellence de l'Union européenne» dans le cadre de la catégorie «Jeunes talents». Quant à l'art du déguisement et de l'habillement, quelque 120 fans du cosplay sont déjà inscrits sur les listes du concours organisé par les éditions spécialisées dans la BD et le manga Z-Link et l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda). Les concurrents devront faire la meilleure création de costume inspirée de personnages de BD, de cinéma, de jeux vidéo ou de contes populaires. «Les participants défileront dans une salle de spectacle qui peut accueillir jusqu'à 400 personnes», précise Salim Brahimi, responsable du concours. Un programme dense vous attend # conférences La présentation de plusieurs conférences de qualité sont au programme du 10e Fibda. A commencer par «Le roman soluble dans la BD» présentée par Jacques Ferrandez, autour de l'œuvre d'Albert Camus, Le premier homme. Régis Hautière, Richard Marazano et Farid Boudjellal animeront une conférence autour de «La BD comme outil pédagogique». Catel Muller et Broquet interviendront sur la question du féminisme et comment l'aborder à travers les BD. «BD/Comics/Manga : les frontières abolies» sera animée par Arleston. François Schuiten animera une rencontre autour du thème «Dessiner un musée du train». Etienne Schréder parlera de l'histoire d'une maison au service de la création BD. Le journaliste français Nicolas Grivel quant à lui posera la question : «Pourquoi la BD francophone est-elle aussi dynamique ?». Enfin, la commissaire du festival, Dalila Nadjem, reviendra sur les dix années de vie du festival qui ont permis de partager et d'échanger dans le monde culturel en Algérie et à l'étranger sous le thème «Fibda, retour sur 10 années de partage et d'échanges» # expositions Les travaux de l'atelier algéro-italien, une exposition avec présentation d'album, reviendront sur le travail en collaboration, durant l'année 2016, entre les bédéistes des deux pays, La French Comics Association qui nous vient de la terre de la BD et Kronicas sont des expositions à ne pas rater au 10e Fibda. Aussi, des rétrospectives de «Uderzo in extenso», El Menchar et des concours organisés par le Fibda durant ses dix ans d'existence seront aussi à découvrir ou redécouvrir. # ateliers Une année de plus, les enfants auront une grande part du gâteaux et bénéficieront de différents ateliers sur place ou des ateliers mobiles qui se déplaceront dans les écoles et dans les hôpitaux avec Farid Boudjellal, David Andrade ou encore l'association Jeunesse Plus. Le bédéiste Régis Hautière animera un atelier autour de l'écriture scénaristique et l'équipe Kronicas organisera un atelier de réflexion. Par ailleurs une rencontre avec les bédéistes algéro-belges est aussi au programme. # projections Côté films d'animation, Valerian et la cité des mille planètes de Luc Besson et Macadam Popcorn de Jean Pierre Pozi seront projetés lors de ce festival. # résidence Pour cette édition anniversaire, le Fibda prévoit de réunir, en résidence artistique, le plasticien et dessinateur de presse L'Andalou avec le bédéiste français Joël Alessandra qui réaliseront ensemble un carnet de croquis à quatre mains. Les planches réalisées seront publiées sur le site du festival et de l'Institut français ainsi que sur leurs réseaux sociaux. Le travail final fera objet d'une publication. Ryma Maria Benyakoub