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Zaki Project : Un projet musical ouvert, sans garde-fou
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Publié dans El Watan le 22 - 09 - 2017

Zaki Project est son deuxième single. Après El Bandi en 2016, Zaki Mihoubi revient avec Bnat lyoum, une reprise d'une chanson de René Perez. Le clip a été dévoilé cette semaine au Palais des Raïs à Alger. A voir et à écouter.
Zaki Mihoubi, 32 ans, journaliste, musicien et chanteur, poursuit son petit bonhomme de chemin. Il avance avec l'idée que Zaki Project sera un projet musical contemporain. «Un projet musical ouvert. C'est un brassage de toutes les sonorités algériennes, diwane, chaâbi, hawzi, andalous, melhoun, raï», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse lundi 18 septembre au Palais des Raïs (Bastion 23) à Alger, après la projection du clip de sa nouvelle chanson, Bnat lyoum (Les filles d'aujourd›hui), un cover du tube de René Perez qui remonte aux années 1950. Réalisé par Dahlia Antri, le clip, gorgé de fraîcheur, va à contresens de la philosophie originale de la chanson.
René Perez, une des voix les plus marquantes de l'école de la musique judéo-arabe d'Alger du milieu du siècle dernier, critiquait sur un ton léger le mode vestimentaire des filles qui ont «délaissé la robe pour la remplacer par le pantalon». Il évoquait aussi «la frivolité» des filles qui pouvaient être «achetées» avec de l'argent. La réalisatrice a imaginé une rencontre sur scène entre un groupe de garçons, habillés à l'ancienne en bleu de Chine et en pull marin, et des danseuses.
Empêchés d'entrer en salle au moment des répétitions, les quatre garçons passent par les coulisses en «forçant» la porte. Une belle métaphore pour suggérer toute la difficulté qu'ont les artistes algériens à trouver une place sous les spotlights, à défaut d'un tabouret sous le soleil. La rencontre se fait dans la joie de vivre et évolue en moments de folie en bordure de piscine. Il n'y a pas de discours ni d'idéologie dans la démarche de Dahlia Antri, il y a des images qui «parlent».
Autant que les couleurs et le mouvement. La réalisatrice a démarré son clip, inspiré par les techniques du cinéma muet, avec une scène dans laquelle Zaki Mihoubi, cheveux au vent, va à la rencontre d'une voyante. La vision de cette voyante sert de trame au clip comme dans un court métrage où l'action «surpasse» l'image. «Au départ, je voulais construire le clip en mettant en valeur la beauté de la femme.
Mais après, je me suis dit qu'il ne fallait pas entrer dans ce débat ‘‘féministe››. Je voulais raconter une histoire dans laquelle évoluait Zaki Mihoubi. Et, effectivement, le muet a d'abord ‘‘parlé''. Omar Djouadi (directeur artistique de Zaki Mihoubi) m'a proposé l'idée d'une histoire à l'ancienne avec Zaki entrant dans une salle par les coulisses», a souligné Dahlia Antri. Le clip a été, en partie, tourné à la grande salle du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger.
«Un coup de cœur»
Dans la continuité d'El Bandi, une reprise de la chanson de Cheikh Sidi Bemol (Hocine Boukella), Bnat lyoum, arrangée par Kheirddine Mouadene, porte toutes couleurs algériennes, et par extension, méditerranéennes et universelles. L'arrangeur a introduit la chanson par la musique de la comédie Modern Times de Charlie Chapelin (1936) pour souligner que Zaki Project n'a aucun complexe. Le mélange des sonorités et des rythmes donne un goût savoureux à la chanson. Résultat : Bnat lyoum est une chanson d'aujourd'hui. «On ne sait pas pourquoi, on tombe sous le charme d'un tableau ou d'une chanson. C'est un coup de cœur. Je suis en mesure de faire d'autres reprises.
Le son a changé. Je prend tout ce qui me parle. Je reprends des vieux standards qu'on aime et on se fait plaisir avec nos propres influences. Le choix des sonorités est éclectique. On passe du rythme polka au solo jazz», a noté Zaki Mihoubi en répondant à une question sur le choix de la chanson de René Perez. Les influences de Zaki Mihoubi sont connues : diwane et chaâbi. «Je suis influencé par le beau là où il est. J'ai envie d'être totalement dans la création sur le plan du texte et de la mélodie.
Pour le moment, je prends ce que la vie me donne», a-t-il confié. Bnat lyoum est, selon Omar Djouadi, un petit concentré de ce que pourrait être Zaki Project dans le future, «un Manifeste». «Il y a des influences algériennes et occidentales. Il y a du chant oranais, du raï, du hawzi, du chaâbi... C'est l'univers de Zaki Project. Tout ce qui pourrait venir après, cover ou nouveauté, sera fait dans ce sens-là avec la sensibilité de Zaki Mihoubi en plus», a-t-il dit.
Zaki Project aspire donc à la construction d'«une personnalité musicale». Une personnalité qui se forge au fil des expériences, des rencontres et des découvertes. «Il faut surtout éviter de se mettre trop de garde-fous et de se conformer à un style avec le risque de ne plus en sortir. C'est la nouvelle philosophie musicale universelle», a argué Zaki Mihoubi. Il a cité l'exemple d'Amel Zen (présente dans la salle) qui est sortie de l'andalous vers d'autres styles musicaux.
«Un futur simple»
Zaki Mihoubi a ironisé sur «le future simple» ou «composé» de son projet musical. «Je pense qu'il ne faut jamais dire jamais dans la vie. Le futur se prépare maintenant. Cette rencontre avec la presse peut symboliser, pour moi, un début officiel d'une carrière professionnelle. J'ai fait de la scène sans m'investir dans la musique totalement. Avec le temps, j'ai compris que c'est quelque chose de très important pour moi», a-t-il confié. Il entend «concilier» ses deux passions : journalisme et musique. Zaki Mihoubi est journaliste à Radio Algérie internationale (RAI). Il réfléchit actuellement à un album où toutes les influences seront présentes.
«A commencer, bien sûr, par la musique diwane. Il n'y aura pas que du tribal. Peut-être un morceau pour se faire plaisir et dire d'où je viens. Mais sans en faire une ligne de conduite et sans se faire d'étiquette. Il y a une palette, on choisit les couleurs qu'on veut», a-t-il noté. Grand fan de Amar Ezzahi, Zaki Mihoubi aime prendre du chaâbi son âme, ses saveurs et son authenticité.
Et, il aime puiser dans l'immense tradition musicale africaine avec le diwane. Natif d'une famille de mélomanes dans un quartier algérois où habitait aussi le grand parolier Mahboub Bati, Zaki Mihoubi a appris, très jeune, la derbouka, initiée par son père. Il fait partie, inévitablement, de l'orchestre du lycée où il s'essaye au chant. Plus tard, il se joint à Gnawa Rihet Leblad, avant de rejoindre Maghreb Fusion. Zaki Project exprime le passage à un autre stade musical, à un âge de maturité.


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