Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a esquissé jeudi dernier les contours du projet de loi de finances 2018. Celui-ci, qui va être finalisé et déposé au niveau de l'Assemblée populaire nationale, au plus tard le 1er octobre prochain en vertu des dispositions constitutionnelles, prévoit le maintien des dépenses du budget de fonctionnement et une augmentation du budget d'équipement. «Une augmentation qui aura pour objectif le développement des communes et les crédits des fonds spéciaux consacrés au Sud et aux Hauts-Plateaux, ainsi que le payement des dettes envers les entrepreneurs», a soutenu le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les membres de l'APN. Une réunion du gouvernement se tiendra la semaine prochaine et sera consacrée à la répartition du budget consacré à la loi de finances 2018. Sous pression, les autorités algériennes feront appel à la planche à billets pour financer les dépenses de l'Etat, après l'adoption du projet de loi sur la monnaie et le crédit. A titre d'exemple, le Premier ministre a souligné que le financement des logements AADL de type location-vente devrait être assuré par le Fonds national d'investissement (FNI) à travers l'injection de 250 milliards DA sous forme de crédits remboursables sur une durée de 30 ans. Ceci dit, Ouyahia n'a pas fourni la moindre indication sur la valeur effective de la masse monétaire qui sera injectée dans l'économie nationale à travers le financement non conventionnel, soulignant dans ce sens que «le financement est une affaire de gestion économique pour une période de cinq ans maximum qui dépend de données purement économiques, loin des calculs politiciens». Une chose est sûre, le recours à la planche à billets, devant permettre au Trésor d'emprunter directement auprès de la Banque d'Algérie aura pour objectif de faire face au déficit budgétaire, convertir certaines des dettes contractées auprès de banques ou d'entreprises publiques, et alimenter le Fonds national de l'investissement, selon les détails dévoilés par le chef du gouvernement. Sur le plan budgétaire, l'année 2018 sera dans doute des plus douloureuses. «La situation demeure extrêmement tendue au niveau du budget de l'Etat : dans la situation actuelle, l'année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l'année 2018 s'annonce plus complexe encore», expliquait le Premier ministre Ouyahia dans son plan d'action présenté en Conseil des ministres le 6 septembre. Crise financière oblige, le gouvernement avait revu à la baisse ses dépenses d'équipement et de fonctionnement dans le cadre du budget 2017. Le premier, qui inclut les investissements, a diminué de 12,6 milliards de dollars, et le second, plus contraint du fait de la nécessité de payer les fonctionnaires, de 2 milliards de dollars. Calculé sur la base d'un prix du baril de pétrole à 50 dollars, le budget 2017 prévoyait des recettes globales de 51 milliards de dollars et des dépenses de 63 milliards de dollars. A travers ce rabotage budgétaire, les autorités espéraient ainsi réduire de moitié le déficit budgétaire, calculé à 8% du PIB en 2017 contre 15% en 2016.