Le gros scandale de l'« empire » Khalifa a eu pour conséquence de paralyser toute initiative de l'Etat pour remettre de l'ordre dans des secteurs névralgiques ouverts aux capitaux privés tels que le transport aérien et les banques. Au lieu de reprendre les choses en main et identifier les causes de ce retentissant échec, l'Etat a pris la décision de se recroqueviller sur lui-même. L'investissement du privé national dans le domaine aérien est dorénavant bloqué. C'est le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, qui l'a annoncé. Selon le représentant de l'Etat, le privé national ne sera sollicité que lorsque la compagnie nationale Air Algérie aura achevé sa restructuration. Comme si l'Etat veut donner plus de temps à la compagnie nationale pour pouvoir faire face à une éventuelle concurrence du privé. Vaine tentative, car il est de notoriété publique qu'Air Algérie porte en elle-même les germes de l'échec. Et l'on peut constater de visu comment Air Algérie dans une situation de quasi-monopole malmène ses usagers sur les vols intérieurs, sans aucune forme de respect. Une situation qui ne peut être tolérée longtemps. L'Etat a également montré son incapacité à gérer le secteur bancaire, où dorénavant le privé algérien est frappé de suspicion. Au grand bonheur des banques étrangères, comme l'a auparavant si bien fait remarquer l'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Hadj Nacer, lors des débats d'El Watan organisés récemment à Alger. Non seulement le privé algérien ne peut plus s'aventurer sur le terrain de l'investissement bancaire, mais il est confronté également à un système bancaire en total déphasage avec la réalité économique et financière. En somme, l'Etat ne sait pas comment faire sortir l'économie nationale de l'archaïsme des banques. L'Etat a aussi fait baisser les rideaux à la face du privé dans le domaine des médias audiovisuels. Pourquoi ? Parce que, selon un ex-chef du gouvernement et un apparatchik du système, l'expérience de la presse écrite privée n'incite pas l'ouverture de l'audiovisuel aux capitaux privés. Accusation fortuite et injuste, bien sûr. Plus de 90% des Algériens lisent la presse privée, laquelle représente près de 80% des tirages. Le problème est ailleurs et peut se résumer en deux mots : incompétence et absence de démocratie. Il ne faut pas s'étonner de voir l'Algérie reléguée à la 91e place de l'indice de transformation économique et politique de Bertlsmann, loin derrière des pays pauvres comme le Mali, le Niger et le Benin. Cette situation de non-gestion a un coût. Un coût financier, social et... politique.