La consommation de psychotropes a considérablement évolué au cours de ces dernières années, comme en témoignent les statistiques fournies par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT). Pas moins de 628 617 comprimés ont été saisis durant le 1er semestre 2017 à travers l'ensemble du territoire national. A Khenchela, les choses ne sont pas différentes des autres wilayas. Le phénomène connaît une forte prolifération parmi nos jeunes. La dernière saisie importante a été opérée en mars dernier, où les services de la police (Brigade de lutte contre les stupéfiants) de Khenchela, ont récupéré 19 647 comprimés dans une seule affaire. Le chef-lieu de la wilaya a connu, récemment, dans la cité El Aurès, un crime crapuleux qui a choqué toute la ville, dans lequel un jeune âgé d'à peine 32 ans, sous l'emprise de psychotropes, a tué son voisin en le poignardant en plein cœur. La cité Hasnaoui a connu un incident similaire il y a environ trois mois, où un sexagénaire a été tué d'un coup de couteau en plein cœur par son fils, âgé d'une trentaine d'années, sous l'effet des psychotropes. Le pharmacien n'est pas un simple vendeur Jeudi dernier, une journée d'étude sur l'utilisation et la gestion des psychotropes a été organisée au musée régional du Moudjahid à Khenchela, à l'initiative de la direction de la santé, en coordination avec le conseil de l'Ordre des pharmaciens -région de Batna- et le bureau de wilaya du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo). Cette initiative, qui s'est tenue sous le slogan : «Psychotropes entre science et conscience, une délivrance au forceps» a regroupé des spécialistes du domaine, dont des pharmaciens, des médecins et des représentants des services de sécurité. Ces derniers ont été fermement convaincus qu'«il est temps de mettre un répertoire électronique national des psychotropes, afin de sécuriser le circuit des psychotropes au niveau national pour une meilleure utilisation de ces produits». Le président du conseil de l'Ordre a appelé les pharmaciens à respecter la loi et les règles de déontologie régissant la profession, en indiquant que «le pharmacien n'est pas un simple vendeur dans un magasin, mais qu'il est responsable du contrôle de l'ordonnance, surtout quand elle contient des médicaments incompatibles ou suspects, comme il peut analyser l'ordonnance dans tous ses aspects». A cette occasion, le directeur de la santé et de la population de la wilaya de Khenchela, Dr Nemouchi Fayçal, a tenu à souligner que ses services «ont pu construire un réseau de surveillance électronique local, qui contient un répertoire de médicaments de type psychotropes, afin de sécuriser le circuit des psychotropes et d'assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs dans ce domaine, dans toutes les pharmacies que compte la wilaya dans le cadre de la lutte contre la commercialisation illégale de ces substances ayant souvent été détournées de leur usage». Ce répertoire contient toutes les données relatives à l'ordonnance et aux médicaments prescrits pour chaque malade pour faciliter l'opération de suivi à travers tout le territoire de la wilaya et éviter les dépassements et les manipulations pouvant survenir. Il est à souligner que la wilaya de Khenchela compte 146 officines, en plus de 40 pharmaciens exerçant dans le secteur public, dont 30 n'ont toujours pas adhéré à l'Ordre des pharmaciens.