Casse-tête n Comment exercer sa profession tout en évitant de tomber dans le piège des narcotrafiquants ? Telle est la question que se posent quotidiennement les pharmaciens.. C'est que la législation relative à la commercialisation des comprimés psychotropes fait d'eux des «accusés tout désignés». C'est du moins ce qu'ont indiqué les participants au 5e colloque international organisé, hier, lundi, à Alger, par l'Ordre des pharmaciens d'Alger. Pour eux, il est plus qu'urgent de réviser la loi de sorte à permettre au pharmacien de travailler dans la sérénité. Sur ce registre, le président de la Commission nationale de déontologie de la profession de pharmacien, le Dr Amir Touafek, a déploré la condamnation de 10 pharmaciens à des peines allant de 5 à 10 années de prison ferme, assorties d'une amende pour avoir fourni des psychotropes à des malades mentaux. De son avis, le pharmacien ne fait qu'exercer son métier en vendant des psychotropes. «Il ne faut pas le considérer comme un membre des réseaux de trafic de drogue car il vend les comprimés psychotropes dans un cadre légal», a-t-il plaidé. De son côté, le secrétaire général de l'Ordre des pharmaciens, le Dr Mohamed Sobhi Sanadiki, a fait remarquer que le pharmacien respecte la loi et les règles de déontologie régissant la profession. De ce fait, il n'a pas le droit de refuser de fournir des médicaments psychotropes à un malade avéré, a-t-il poursuivi, signalant au passage qu'il peut attirer l'attention des services de sécurité «lorsqu'il constate que l'ordonnance contient deux médicaments incompatibles ou qu'une ordonnance est suspecte». «Le malade mental est comme un malade chronique, il faut constamment lui fournir des comprimés psychotropes, mais ce dernier peut enfreindre la loi et obtenir plusieurs ordonnances à la fois et acheter ces comprimés auprès de plusieurs pharmacies pour les revendre à des réseaux de trafic de drogue à l'insu des pharmaciens», a-t-il expliqué. Fort heureusement, «le ministère de la Santé est en train de réviser les lois régissant les comprimés psychotropes et les antidouleur et leur adaptation à la réalité algérienne», s'est-il néanmoins réjoui. Abondant dans le même sens, le directeur de la coopération internationale à l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onlcdt), Aïssa Kacimi, a relevé, pour sa part, que les quantités de psychotropes détournées par les réseaux de trafic de drogue le sont généralement «au niveau des distributeurs de gros et des officines, précisant que certains malades les revendent aussi, «ce qui rend la situation encore plus complexe». Selon lui, les psychotropes et les antalgiques sont soumis à un contrôle permanent : «Le peu de pharmaciens qui commercialisent ces médicaments ont un registre spécial dans lequel sont mentionnées toutes les informations sur le médecin prescripteur et le malade.» «Ce registre est régulièrement contrôlé par les services de sûreté», a-t-il ajouté.