Avis n L'Ordre des pharmaciens d'Alger appelle à la révision des lois relatives à la commercialisation des psychotropes. Au cinquième colloque international organisé par l'Ordre des pharmaciens d'Alger, ils étaient unanimes à clamer, haut et fort, la nécessité de revoir les lois relatives à la commercialisation des comprimés psychotropes. «Le pharmacien obéit à la loi et aux textes de déontologie de la profession et il n'a, en aucun cas, le droit de refuser de fournir des psychotropes au malade. Mais il peut, cependant, attirer l'attention des autorités lorsqu'il constate que l'ordonnance médicale contient deux médicaments incompatibles», a indiqué le secrétaire général de l'Ordre des pharmaciens, le Dr Mohamed-Sobhi Sanadiki. Pour lui, «le malade mental est considéré comme un malade chronique, il faut constamment lui fournir des comprimés psychotropes. Mais il peut enfreindre la loi et obtenir plusieurs ordonnances médicales à la fois et acheter ces comprimés auprès de plusieurs pharmacies pour les revendre aux réseaux de trafic de drogues à l'insu des pharmaciens». L'autre exemple illustratif développé par M. Sanadiki concerne les patchs antidouleur prescrits aux cancéreux et utilisés aussi comme une drogue. Un problème qui, selon lui, dépasse les pharmaciens. A en croire M. Sanadiki, le ministère de la santé et de la réforme hospitalière est en phase d'élaborer de nouvelles lois régissant les comprimés psychotropes et les anti-douleurs. La législation en cours d'élaboration serait, de son point de vue, mieux adaptée à la réalité algérienne. «L'Algérie respecte les lois et conventions internationales relatives à l'utilisation et au contrôle des comprimés psychotropes et dont elle est signataire», a, de son côté, affirmé le directeur de la coopération internationale à l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onlcdt). D'ailleurs, «la liste de ces comprimés est incessamment renouvelée», a souligné Aïssa Kacimi qui a insisté sur le fait que les comprimés psychotropes et les antalgiques sont soumis à un contrôle permanent. Il faut savoir que les quelques pharmaciens désignés pour livrer ces médicaments ont un registre spécial dans lequel sont mentionnées toutes les informations sur le médecin prescripteur et le malade. «Ce registre est même contrôlé par les services de sécurité», a précisé encore M. Kacimi, révélant que «la quantité de psychotropes détournée par les réseaux de trafic de drogue provient généralement des distributeurs de gros et des officines». Certains malades n'hésitent pas également à faire de leur maladie un fonds de commerce en revendant les quantités de médicaments qu'ils obtiennent légalement dans les pharmacies. Le président de la commission nationale de déontologie de la profession de pharmacien, le Dr Amir Touafek, a appelé, quant à lui, à ne pas jeter l'opprobre sur le pharmacien qui «vend les comprimés psychotropes dans un cadre légal».