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«Les cinéastes algériens bénéficieront du budget alloué par la Fepaci» Samy El Hocine Bencheikh. Directeur de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins
Alger a abrité le 14 septembre dernier un forum sur les créateurs africains. Le directeur général de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA), Samy El Hocine Bencheikh, revient sur cet événement important. - L'Algérie a accueilli, pour la première fois, un forum consacré aux droits d'auteur et aux créateurs africains. Je dirai que c'est une réunion historique qui s'est tenue le 14 septembre dernier à Alger. C'est la première fois que les créateurs africains se rencontrent à Alger. C'est aussi la première fois que les deux conseils internationaux des créateurs se rencontrent en même temps en Afrique, en l'occurrence en Algérie. Dans le monde, il y a deux conseils : le Conseil international des auteurs de musique, et celui des auteurs de cinéma. C'est également la première fois que les directeurs généraux de la Confédération internationale des Sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac) et de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) étaient présents à Alger. Nous avons aussi accueilli la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), laquelle est née en 1969, lors de la tenue du Panaf à Alger. Il y a d'ailleurs de fortes chances que le nouveau siège de la Fepaci soit installé à Alger. Ceci étant, nous avons reçu 42 invités de 22 nationalités. - Le débat axé sur le devenir de la protection des droits d'auteur en Afrique et sur les questions de la diffusion et du règlement régissant l'exploitation des créations artistiques africaines sur le continent a abouti à la signature de deux accords jugés historiques. Effectivement, cette rencontre a abouti à la signature de deux accords historiques. La Confédération internationale des sociétés d'artistes et compositeurs (Cisac), qui est la confédération internationale qui compte 4 millions de créateurs dans le monde - représentant 239 sociétés, dont l'ONDA - est venue à Alger pour signer un accord avec l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). L'accord en question vise le renforcement de la protection en Afrique. La politique d'appui de la Cisac en direction de l'organisation africaine se fait à travers l'ONDA. Pour rappel, l'ONDA est membre du conseil d'administration de la Cisac. Sans prétention aucune, nous sommes une société influente en Afrique. C'est nous qui allons appliquer cet accord au niveau des pays africains. Pour preuve, nous recevrons, la semaine prochaine, les deux premières délégations du Mali et du Bénin, qui viennent se former à Alger dans le cadre d'un accord. Le deuxième accord signé entre le Conseil international de l'audiovisuel et la Fepaci repose sur une formation qui se fera Alger. Pourquoi ? Parce qu'il y a 95% de chances pour que le nouveau siège de la Fepaci soit transféré à Alger. Alger va également abriter l'assemblée générale de la Fepaci, qui se tiendra entre le 7 et le 14 décembre prochain à Alger. C'est à l'occasion de cette assemblée générale que sera annoncé le transfert du siège de la Fepaci à Alger. Il est important de souligner que l'acte de naissance de la Fepaci panafricaine des cinéastes a été signé à Alger. Pour les responsables, c'est juste un retour aux sources. Il faut dire que les cinéastes algériens n'ont pas bénéficié de beaucoup d'aide. - Selon vous, la création de ce siège va-t-elle quelque peu aider les cinéastes algériens ? Absolument. D'habitude le budget alloué par la Fepaci pour le cinéma africain allait principalement à d'autres pays. Aucun cinéaste algérien n'a bénéficié de cette aide. Aujourd'hui, avec l'implantation du nouveau siège à Alger - actuellement il est basé à Nairobi, au Kenya - il y aura, certainement, cinq à six films algériens qui seront soutenus, chaque année, dans le cadre du budget de la Fepaci. Il y a tout de même un budget conséquent de l'Union africaine qui s'élève à 6 millions de dollars. Ce budget-là, l'Algérie, par le passé, n'en profitait pas. Il faut reconnaître qu'Alger est devenue, aujourd'hui, le pôle de la propriété intellectuelle en Afrique et dans le monde. Nous sommes devenus une référence pour les pays arabes et africains. L'expérience d'Alger est remontée maintenant au board du conseil d'administration de la Cisac. On parle de nous, entre autres, au Canada et aux états-Unis. La Cisac est une organisation non gouvernementale. Le travail qu'a fait l'Algérie vis-à-vis des Africains et du monde arabe a fait que la Sisac voulait mettre à l'honneur les autorités algériennes pour avoir permis à l'ONDA de travailler. A titre d'exemple, le prochain board va se tenir le 7 décembre prochain en Afrique du Sud. Le ministre de la Culture algérien a été invité officiellement pour faire un discours. - Cette première rencontre africaine des scénaristes, réalisateurs et créateurs de musique s'est soldée par un appel intitulé «Déclaration d'Alger»... Cette rencontre s'est, en effet, terminée par un appel baptisé «Déclaration d'Alger», qui est déjà sur le site de toutes les sociétés d'auteurs dans le monde. C'est une déclaration extraordinaire, qui lie la créativité et l'innovation en Afrique à la paix. Tous se sont mis d'accord pour renforcer la coopération entre les instances africaines et internationales spécialisées dans la protection des droits des créateurs. Ils ont terminé la Déclaration d'Alger en rendant hommage aux efforts fournis par l'Algérie à travers l'ONDA. De ce fait, ils ont reconnu et encouragé les efforts soutenus de l'ONDA dans l'organisation de cycles de formation au profit des personnels de sociétés chargés de la gestion collective des droits d'auteur des pays africains. - Qu'en est-il du prix Myriam Makeba, initié par le ministre algérien de la Culture ? Le prix Myriam Makeba sera décerné, annuellement, soit le 14 septembre, pour commémorer la date de cette réunion historique qui s'est tenue le 14 septembre 2017 à Alger. C'est un prix qui récompensera les meilleures créations africaines, et ce, dans toutes les disciplines. C'est un prix qui sera financé 100 % par l'ONDA. C'est une manière pour nous de prouver aux Africains notre attachement à l'Afrique. Nous sommes en train de préparer le règlement intérieur. Tout ce que je peux vous dire d'ores et déjà, c'est qu'il y a aura un jury composé de onze personnes, dont deux Algériens. Le reste sera réparti entre les régions francophones et anglophones de l'Afrique. - Quel sera le prochain plan d'action de l'ONDA ? Nous comptons installer une commission au sein de l'ONDA pour le changement de notre loi. Nous voulons évaluer notre loi qui date de 2003. Il faut reconnaître que nous avons déjà une loi des plus modernes en Afrique. Sur certains aspects, nous avons même précédé la France. Aujourd'hui, nous avons besoin de revoir cette loi pour rendre notre ordonnance encore plus accessible et plus adaptée aux nouvelles formes d'exploitation, à l'image des web TV et des web radio. Dans deux mois, le texte sera présenté au Parlement.