Il y a une trentaine d'années, la wilaya d'Alger comptait, en dehors des massifs forestiers, près de 1000 ha de couverture végétale. A présent, elle dispose de moins de 50 ha, soit moins d'un vingtième. Les grands espaces verdoyants et ombragés dont les bienfaits se résument dans la fraîcheur et la dépollution s'amenuisent. Ils rapetissent au fil des années, au moment où, dans d'autres mégapoles de nos voisins de l'est et de l'ouest, les aires consacrées au végétal oscillent entre 5 et 11 %. Il n'est pas malvenu aussi de citer dans le sillage la ville abritant les JO 2008, Pékin, dont le couvert végétal de la ville a atteint 35,3%. Bien que des programmes de (re) boisement soient annoncés par-ci par-là, à travers certaines régions du pays, le taux de couverture reste en deçà des normes admises, selon le WWF (Fonds mondial pour la nature). Il ne dépasse pas les 3% dans nos cités. Dire que l'écogeste, ou cette culture collective de préserver l'environnement, est loin d'être notre fort. La structure Epic en charge du développement des espaces verts ne daigne se mettre en branle que pour des opérations de boisement effectuées à la hâte pour donner fière allure à une artère que dévalera en trombe une délégation officielle. Le mouvement associatif, lui, ne se montre pas moins indigent et le département de l'environnement fait davantage dans la thèse de protection que dans des actions efficientes au moment où les administrés semblent se complaire dans un cadre urbain de plus en plus enlaidi. Le massacre écologique qui a eu lieu dernièrement sur un tronçon de Bordj El Kiffan est on ne peut plus illustratif de notre comportement aux antipodes du basique écologique. Pour les besoins d'un tracé du tram dans la banlieue est d'Alger, l'entreprise ne s'est pas trop emmêlé les pattes pour déraciner une espèce végétale plus que cinquantenaire, alors que les chargés de l'opération relative à la déviation des canaux souterrains auraient pu triturer un peu leurs méninges pour éviter le crime de… lèse-nature. Pour ces derniers, c'était aussi simplet que simpliste : supprimer les dizaines de ficus qui enjolivaient l'artère aquafortine depuis plus de soixante années. Nos bien-pensants ont réussi leur coup nuisible… Penseront-ils à se racheter en procédant à la mise en terre de nouveaux plants ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite.