Samedi : A force de s'entêter dans sa logique autoritaire, le régime bureaucratique ne pousse que vers la rue. Là, la Ligue de défense des droits de l'homme a finalement décidé de tenir son université d'été dans la rue après le refus des autorités de produire une autorisation. Le Collectif citoyen pour les libertés (CCPL) s'est mobilisé pour un sit-in à Béjaïa et la tenue symbolique de la rencontre de la LADDH : les arguments de l'administration quant à la multiplicité des LADDH et les conflits internes à cette ONG ne tiennent pas la route. On attend toujours le jour où l'administration sera aussi sévère avec des organismes pro-régime. Dimanche : Le ministère de la Défense nous apprend qu'au niveau de la daïra d'El Kseur, wilaya de Béjaïa, cinq terroristes ont été abattus par un détachement de l'armée. «Cette opération de qualité vient en continuité de celle du 28 septembre 2017 qui a permis l'élimination d'un terroriste et la récupération d'un pistolet mitrailleur de type kalachnikov avec trois chargeurs garnis». Par ailleurs, le gouvernement annonce sa volonté d'explorer le gaz du schiste, contredisant les engagements du président Bouteflika en 2015, suite au mouvement social d'In Salah et d'ailleurs. «Nous estimons que le groupe pétrolier national dispose de capacités nécessaires pour expliquer au peuple algérien qu'il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière, mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique», a déclaré Ahmed Ouyahia. Lundi : Lors de son meeting commémorant le 54e anniversaire de la naissance du parti, le FFS a tenu à fixer les termes d'une partie de la crise qui secoue le pays : «Les décideurs ont refusé la réconciliation sur des bases de construction politique de la deuxième République. Ils ont préféré discuter avec des groupes armés. D'ailleurs, Ouyahia continue à lancer des appels aux ‘‘égarés dans les maquis'' (…) l'ensemble des éléments de ce scandale de gouvernance unilatérale et de prime à la violence sur la solution politique se retrouve concentré de manière fortement symbolique dans les rebondissements de l'affaire Mécili», a déclaré Mohamed Hadj Djilali, premier secrétaire du parti. Et d'ajouter : «Ceux qui ont combattu, par la violence, le pluralisme politique et la démocratie, créent des partis politiques et s'affublent du label démocratique. Mais, l'histoire les rattrape aujourd'hui. Tout comme elle les rattrapera demain s'ils persistent dans leur unilatéralisme faussaire.» A bon entendeur. Mardi : Le président de l'Association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed, affirme que les perturbations dans la distribution du livre scolaire étaient dues à «la spéculation, exercée par certains distributeurs privés». «Certains distributeurs privés stockent des livres scolaires dans des entrepôts, afin de relever leur prix réel de 15%, sachant que les distributeurs privés accrédités ont une marge bénéficiaire de 15% à l'acquisition du manuel au niveau des centres de l'ONSP, ce qui augmente sa marge bénéficiaire effective à 30%, et le livre arrive à l'élève à un prix exorbitant», explique Khaled Ahmed. Le ministère de l'Education a, de son côté, décidé de retirer «l'agrément aux distributeurs privés qui n'ont pas respecté le cahier des charges», a-t-il ajouté. Ok, mais qu'en est-il de l'impression de certains manuels en Espagne et à Malte à cause de l'incapacité de l'ENAG ? Mercredi : Louisa Hanoune pense que cette révision (de loi sur les hydrocarbures) risque de remettre en cause la prééminence de Sonatrach et menace même son existence, si elle n'est pas protégée par la règle de 51/49. A cet effet, le patronne du PT a rappelé la mobilisation de son parti contre la loi sur les hydrocarbures de 2005 portée à l'époque par Chakib Khelil. «La majorité ne permettra pas la destruction ou l'abandon de la nationalisation du secteur des hydrocarbures et notre parti ne restera pas les bras croisés», a-t-elle averti», explique El Watan. Mais à peine quelques heures, et de manière assez inhabituelle dans la gestion de la communication officielle, voilà le Premier ministère qui répond à la présidente du PT sur son site web : «L'annonce de la révision de la loi sur les hydrocarbures a ouvert la voie à de nombreuses spéculations. Il est donc utile de préciser que cette révision ne portera sur aucune question de souveraineté, y compris la règle 51/49 dans les partenariats avec l'étranger. Attendez donc la sortie du projet de loi avant de le commenter.» Le communiqué n'est pas signé, on s'est contenté d'un montage photo Ouyahia et installation pétrolière. Com' de crise ? Ou crise de la com' ? Jeudi : Drôles de «mood» nostalgiques qui planent sur nos humeurs et nos médias, les réseaux sociaux et les palabres endolories. Les années 90', Octobre 88, Chadli, Nezzar, Hasni, Ninja Yamaha… les éléments traumatiques sédimentent mais sans donner de sens à ce qui s'est passé, faisant de ce passé quelque chose qui ne passe pas, qui reste accroché là. Les réseaux sociaux ont aggravé la parcellarisation des récits, à la polarisation des mémoires vives ou empruntée, prêtes à porter. Nous ne lisons pas le passé, il se condamne non pas à se répéter mais à nous hanter comme une culpabilité ou une fixation, une arme de guerre ou un cri de haine. Même hier on n'arrive pas à l'expliciter et à le lire. Cette fin de semaine est franchement fatigante. Elle dure depuis plus de 60 ans.