L'activiste politique et leader du Mouvement pour la jeunesse et le changement (MJC), Rachid Nekkaz, a été brutalement agressé, hier à Neuilly-sur-Seine, dans le nord-ouest parisien, devant un immeuble abritant un appartement qui appartiendrait à Amar Saadani, ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN). Le mis en cause ne serait autre que l'un des fils de ce dernier. «Regarde ô peuple algérien ! Le fils de Saadani voulait me tuer. Regardez ce qu'il m'a fait ! Les voleurs veulent me tuer !» crie à tue-tête M. Nekkaz, se filmant et postant la vidéo en direct sur sa page Facebook. La séquence de trois minutes montre la violence inouïe dont il a été victime. Il avait le visage ensanglanté et complètement défiguré. Encore sous le choc, il hurle à l'adresse des policiers français, arrivés sur place, en montrant du doigt l'agresseur présumé : «Il a voulu me tuer, c'est un assassin, c'est un criminel !» Devant son insistance à vouloir montrer à la caméra son agresseur, ce dernier le bouscule et le fait tomber devant les yeux de la police. On apercevra alors très brièvement le visage de celui qui est présenté par Rachid Nekkaz comme l'un des «fils de Saadani». Cependant, nos confrères de Jeune Afrique parlent plutôt d'«un membre de la famille de ce dernier qui aurait surpris Nekkaz en train de fouiller dans une boîte aux lettres de l'immeuble». Ne pouvant pas constater sur la vidéo ce qui s'est réellement passé avant l'agression, nous pouvons entendre néanmoins la victime expliquer à la police qu'il était devant l'immeuble en question «en repérage des lieux où devrait avoir lieu une manifestation autorisée par la préfecture, prévue pour ce samedi 7 octobre». Dans une deuxième séquence filmée de huit minutes, qu'il diffusait en live toujours sur le célèbre réseau social alors qu'il était à l'intérieur de l'ambulance le transportant à l'hôpital, le responsable du MJC a dénoncé «une tentative d'assassinat politique», et appelé les Algériens à se «réveiller» et à «réagir» contre ce genre d'agissements et contre la corruption qui sévit dans le pays. Il a exprimé aux policiers qui l'accompagnaient sa volonté de porter plainte. Des sources policières à Neuilly-sur-Seine ont affirmé à El Watan l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Paris. Selon nos informations, l'agresseur présumé a été mis en garde à vue en attendant d'être présenté devant un juge d'instruction pour «violence volontaire». Au moment où nous mettons sous presse, toutes nos tentatives de joindre la famille Saadani et Rachid Nekkaz, hospitalisé suite à son agression, sont restées vaines. Habitué des happenings, minutieusement mis en scène sur les réseaux sociaux – par exemple quand il s'acquitte des amendes à la place des femmes verbalisées pour port de niqab ou de burkini en France –, Rachid Nekkaz avait fait, depuis quelques années, de la lutte contre la corruption en Algérie son cheval de bataille politique. Pour ce faire, il n'a cessé d'enquêter et de dénoncer les biens «mal acquis» des dirigeants algériens à l'étranger. Il est connu aussi pour son opposition acharnée à l'exploitation du gaz de schiste. Pour lui, ces deux thèmes sont intimement liés. D'ailleurs, de retour d'un périple asiatique (Qatar, Arabie Saoudite, Malaisie, Maldives et Birmanie) où il a essayé de «porter secours» au peuple Rohingya, il a lancé mercredi dernier un appel à une manifestation «contre la corruption et contre le gaz de schiste, le samedi 7 octobre, à 15h, à Neuilly-sur-Seine». L'itinéraire initial qu'il avait fixé devait aller du 15 Boulevard Victor Hugo (lieu de son agression) jusqu'au 22 Rue Ancelle où se situe l'un des biens immobiliers qu'aurait acheté, en 2009, Abdelmoumene Ould Kaddour, actuel PDG de Sonatrach. Ce dernier est qualifié par M. Nekkaz de «voleur français» et a porté à son encontre de graves accusations : «trahison», «détournement de fonds», «acquisition douteuse de deux appartements à Neuilly-sur-Seine», etc. Accusé par ses détracteurs de populisme et de faire dans l'agitation politique en cherchant le buzz à tout prix, Rachid Nekkaz recourt à un hyper-activisme en ligne afin de maintenir sa présence sur la scène médiatico-politique nationale. Il a calqué son action sur les modèles de la lutte démocratique non violente. Par ailleurs, comme il le dit clairement dans toutes ses interventions publiques, il croit à un changement politique et pacifique dans notre pays par la voie électorale. C'est pourquoi il appelle ses supporters à s'inscrire sur les listes électorales et à créer des sections locales de son mouvement dans la perspective de participer à l'élection présidentielle de 2019. Pour rappel, il n'a pas pu valider sa candidature à la présidence de la République, lors du scrutin de 2014, dénonçant à l'époque une mystérieuse «disparition» du véhicule transportant les signatures de ses parrainages.