L'équilibre du budget de l'Etat, tel qu'évalué pour l'exercice en cours, dépend d'un prix de pétrole à 70 dollars, alors que la valeur actuelle du baril dépasse à peine les 50 dollars, au moment où le gouvernement s'apprête à user de la blanche à billets. Cette estimation du prix d'équilibre pour 2017 est avancée par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, lui-même, qui ne livre cependant aucune anticipation sur le cours d'équilibre du projet de budget de 2018, désormais adopté par le Conseil des ministres. Intervenant jeudi dernier à l'APN, lors d'une séance consacrée au projet de loi modifiant celle relative à la monnaie et au crédit (LMC), le premier argentier du pays a ainsi tenté de convaincre les députés que «le financement non conventionnel a été choisi comme solution après avoir épuisé tous les moyens classiques en matière de couverture du déficit budgétaire». Comme pour justifier de l'acuité de la mauvaise conjoncture financière que traverse actuellement le pays, le ministre des Finances, cité par l'APS, a souligné entre autres que les exportations algériennes des hydrocarbures sont passées de 60,3 milliards de dollars en 2014 à 18,7 milliards de dollars lors des sept premiers mois de 2017, alors qu'elles devraient clôturer à seulement 31 milliards de dollars à la fin de l'exercice en cours. Dans ce sillage, a-t-il encore révélé, la fiscalité pétrolière recouvrée à juin dernier était de seulement 1100 milliards de dinars, soit 60% de celle recouvrée à la même période en 2014, alors que les réserves de change devraient continuer à chuter, en passant de 105 milliards de dollars à fin juin écoulé à 97 milliards de dollars à la fin de l'année en cours. Parallèlement, les disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR) ont été totalement consommées dès le mois de février passé, le gouvernement les ayant allouées essentiellement à la couverture du déficit du Trésor public, évalué globalement à 8800 milliards de dinars durant les exercices 2014, 2015 et 2016. Aussi, souligne le ministre, la chute des ressources financières du pays s'est traduite par un fort recul des dépenses d'équipement entre 2005 et 2016, tandis que les dépenses de fonctionnement, constituées à hauteur de 80% de salaires et de transferts sociaux, ont continué, elles, à observer une croissance soutenue. Une tendance qui devra cependant s'inverser dès l'année prochaine, le projet de loi de finances pour 2018 (PLF), adopté mercredi dernier par le Conseil des ministres, prévoyant d'amorcer une réduction du budget de fonctionnement dans la perspective d'un retour à l'équilibre budgétaires dans les cinq ans à venir. Ainsi, le budget de fonctionnement prévu pour l'exercice prochain s'élèvera à 4584 milliards de dinars, contre 4591,8 milliards dinars en 2017, soit une baisse globale de 7 milliards dinars. A contrario, le budget d'équipement, tel que le souligne le communiqué du Conseil des ministres, connaîtra «une hausse exceptionnelle» en 2018 pour atteindre ainsi un montant de 4043,31 milliards de dinars, ventilé entre des dépenses d'investissements pour 2175,01 milliards de dinars et des opérations en capital pour 1868,3 milliards de dinars. Globalement, convient-il de noter enfin, le PLF 2018 prévoit des recettes globales de l'ordre de 6521 milliards de dinars, contre près de 8628 milliards de dinars de dépenses budgétaires. Aussi, pour l'exercice prochain, le déficit global du Trésor devra reculer à près de 9% du Produit intérieur brut (PIB), contre plus de 14% pour l'exercice 2016.