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«Une station de dessalement d'eau de 100 000 m3 pour Annaba est inéluctable» Chemseddine Maâtallah. Directeur général du complexe sidérurgique El Hadjar sur la crise de l'eau
La crise de l'eau qui a affecté la wilaya de Annaba a touché également l'usine de Sider El Hadjar de telle sorte que vous étiez obligés d'arrêter le Haut fourneau (HF) pour permettre l'approvisionnement des habitants. 18 jours après, vous avez procédé à son redémarrage. Peut-on dire que désormais vous maîtrisez techniquement l'arrêt et le redémarrage du HF ? Et quand allez-vous entamer la production de la fonte liquide ? Effectivement, les perturbations en approvisionnement en eau brute ont commencé au mois de mai dernier. Ce qui nous a obligés à entamer nos réserves en eau. Nous avons alerté l'Algérienne des eaux (ADE) et notre tutelle directe. En vain, puisqu'en juin le problème s'est accentué davantage. Début juillet, la situation s'est améliorée avant de basculer encore une fois vers la fin du même mois. C'est là que le problème est devenu sérieux car les autorités locales nous ont saisi du niveau critique du barrage en nous sollicitant d'effectuer un arrêt de trois jours pour assurer l'approvisionnement des habitants durant l'Aïd El Adha. Puis, nous avons été alimentés en eau 5 jours durant pour entamer avec succès la descente de charge. Le 24 septembre, nous avons procédé avec succès à la mise à feu de l'HF. Actuellement, nous sommes en phase de stabilisation du fonctionnement pour avoir une fonte conforme. Le redémarrage de l'ensemble des unités de production du complexe est prévu pour cette semaine. Faut-il rappeler qu'une enveloppe de 7 millions de dollars a été consacrée à l'opération de dévasement de notre retenue et la réparation des châteaux d'eau dont l'opération a été chapeautée par l'Agence nationale des barrages ? Au terme de cette action, nos réserves sont passées de 200 000 m3 à 310 000 m3. Vous êtes dépendants de l'eau brute que vous puisez depuis le barrage d'Echaffia via la station de Chaïba (El Hadjar). Si la période de sécheresse s'étale durant plusieurs mois, comment envisagez-vous l'avenir des installations du complexe sans l'eau du barrage, sachant que l'autonomie de toute la wilaya Est, selon le ministre de l'Eau, est de 3 mois seulement ? Lors d'une récente réunion au niveau de la wilaya d'Annaba à laquelle ont pris part l'ensemble des cadres concernés par la crise d'eau, en l'occurrence les cadres de l'ADE, la DRE, l'ONA, GTH, SDE et l'Agence nationale des barrages, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau a annoncé que les responsables locaux ayant en charge la gestion de l'eau vont conformer l'eau de la station d'épuration de Laâlalig (El Bouni) selon la spécification du complexe d'El Hadjar. Une fois conforme, elle servira les besoins des installations sidérurgiques. Actuellement, ils sont en travaux pour nous fournir incessamment une quantité de quelque 30 000 m3 avec un taux de salinité de 300 à 400 mg/l. Actuellement, l'eau en question présente une salinité de 594 mg/l. Nos besoins sont de l'ordre de 1600m3/h. Mais nous pouvons faire marcher nos installations avec les 30 000 m3. Le début de l'alimentation de l'usine débutera, selon nos prévisions, dans un mois. La société GTH aurait réalisé, il y a quelques années, dans le cadre de la sécurisation du complexe en eau, 26 forages. Où sont-ils situés et dans quel état sont-ils actuellement ? Sont-ils exploitables ? A ma connaissance, il n'y a jamais eu 26 forages pour la sécurisation du complexe. Actuellement, 3 sur 5 forages sont situés à pont Bouchet. Ils ont été réalisés par la Direction des ressources en eau (DRE), mais présentement ils sont délabrés. A ce propos, nous avons lancé un avis d'appel d'offres pour leur réhabilitation. Cependant, une fois remis en service, ils seront orientés vers l'approvisionnement de la population. Nous avons également deux nouveaux forages au sein-même de l'usine. L'étude, la prospection et le cahier des charges ont été réalisés par la DRE. Un forage est déjà en phase de retubage dont la volume est de 120 mètres cubes. Il nous reste le calcul du débit pour voir s'il est satisfaisant, ce qui nous permettra d'entamer le second. Rappelons que cette opération nous a coûté 36 millions DA. Pour le refroidissement de ses installations, Fertial utilise gratuitement l'eau de mer. Ce procédé est-il applicable pour l'usine de Sider El Hadjar ? Il faut savoir que l'entreprise algéro-espagnole Fertial exploite depuis les années 80' quatre stations de dessalement dont la capacité est de 190 m3/h. La mise en place de ces stations avait été effectuée par une société anglaise spécialisée. Pour le cas de Sider El Hadjar, la mise en place d'une station de dessalement relève du ressort de la compagnie des hydrocarbures Sonatrach ou le ministère des Ressources hydriques. Le wali d'Annaba a proposé l'exploitation des eaux de l'oued Seybouse. Où en est-on avec cette idée ? Effectivement, un essai a été effectué auparavant avec les eaux de l'oued Seybouse qui n'étaient pas conformes par rapport à la qualité requise. Premier constat, il a esquinté les équipements du complexe et causé même le blocage des bassins de granulation du HF. Ce qui nous a valu 15 jours d'arrêt pour réparer les dégâts. Pour la sécurisation permanente du complexe sidérurgique Sider El Hadjar, que préconisez-vous ? Pour assurer les besoins du complexe en eau, il faut que la station d'épuration de Laâlalig dégage de l'eau conforme. Investir dans une station de dessalement de 100 000 m3 car le meilleur forage dans la région ne peut assurer qu'un débit de 2400 m3/j, soit 15 forages pour assurer l'autonomie du complexe. Enfin, il faut savoir qu'aucun complexe sidérurgique de par le monde ne produit son eau ni son électricité. Ces deux besoins sont achetés depuis leurs producteurs.