Ils sont 522 enfants autistes âgés entre 6 et 14 ans recensés à Oran», a indiqué le docteur Boukhari, chef de service à la direction de la santé. Une maladie sous-estimée qui s'étend de manière alarmante. «Le manque de structures adaptées complique sérieusement la tâche. Ils sont ainsi des centaines de parents à la recherche d'une prise en charge, mais en vain, et pourtant, il existe 5 établissements désaffectés qui pourraient y remédier», déplore notre interlocuteur. La DSP est disposée à mettre à leur disposition 25 orthophonistes. «Aussi, permettez-moi par le biais d'El Watan de lancer un appel aux responsables concernés pour l'ouverture de ces centres». Dans une correspondance adressée au directeur de l'éducation, les parents d'enfants autistes, par le biais de leur association, sollicitent l'ouverture de classes spécialisées pour une prise en charge adaptée aux besoins spécifiques de leurs enfants atteints de cette maladie handicapante lourde de conséquences, et pour les enfants et pour leurs parents. A Ghazaouet, les parents estiment qu'une prise en charge éducative spécialisée augmente considérablement les chances de progression d'un enfant autiste et facilite son insertion dans la société. «Un accompagnement éducatif spécialisé et une prise en charge adaptée permettent dans un grand nombre de cas d'atténuer les troubles, c'est pour cela que nous demandons avec insistance aux autorités compétentes de mettre à la disposition des quelque 40 enfants autistes de la région des classes spécialisées», expliquent-ils. Les parents s'accrochent à cet espoir de voir enfin leur progéniture bénéficier d'un appui éducatif spécifique susceptible de l'aider à mieux gérer ses émotions. Ils redoutent, qu'à défaut d'une prise en charge scolaire spécialisée, le cas de leurs enfants s'aggrave et ils n'ont pas les moyens de subvenir aux besoins particuliers que nécessite une prise en charge pédagogique, éducative et thérapeutique de l'enfant. Le témoignage de Mohamed, père d'un enfant autiste, est émouvant. Zino, l'enfant autiste est âgé aujourd'hui de 9 ans, il est scolarisé dans une école primaire normale sans aucune prise en charge spécifique. Pendant 4 ans, son père, un simple ouvrier, a fait d'énormes sacrifices pour lui permettre de bénéficier des séances de rééducation orthophonique à l'hôpital de Tlemcen. Aujourd'hui, il en parle le cœur serré, mais il garde toujours l'espoir de voir enfin Zino intégrer une classe spécialisée. «Le jour où je devais accompagner mon fils chez l'orthophoniste à Tlemcen, c'était un véritable parcours du combattant. Je n'avais aucune aide, d'ailleurs même si l'autorisation de sortie de l'usine m'était toujours accordée, une retenue sur salaire sanctionnait mes absences. Je devais aussi payer les frais du taxi et le repas juste pour Zino, moi je pouvais patienter jusqu'au retour à la maison. La vie d'une famille d'un enfant autiste est très pénible. Sa prise en charge nécessite des sacrifices et de gros moyens financiers dont on ne dispose pas. J'aurais aimé faire suivre Zino par un orthophoniste privé, mais les moyens ne me le permettent pas». Selon lui, la prise en charge des enfants autistes reste aléatoire. «Mon fils est scolarisé dans une école avec des enfants normaux. Il est en 2e année, mais son apprentissage se fait surtout à la maison, aux côtés de sa mère qui arrive à communiquer parfaitement avec lui. D'ailleurs, ce lien solide qui le lie à sa mère, lui a permis de faire de gros progrès. Malheureusement, ce soutien psychologique et affectif, Zino ne le trouve pas à l'école. Sa maman, compte tenu de l'expérience qu'elle a acquise avec lui, pense que les enfants qui souffrent de cette maladie auront des chances d'insertion s'ils sont pris en charge par des éducateurs spécialisés».