Alors que le drame a plongé toute une région dans la tourmente et la détresse, le trafic des chalets a pris des proportions inacceptables au vu du contexte, et qui a été accentué par l'absence de l'administration. Des indus bénéficiaires ont ainsi pu s'octroyer ces logis provisoires donnant lieu par la suite à un trafic à grande échelle. Quatorze ans après la catastrophe des sites de chalets installés au lendemain du séisme pour reloger provisoirement, les sinistrés sont toujours là. Les habitants de ces sites crient à l'injustice, notamment en matière de relogement. «On a donné la priorité aux habitants des sites installés à proximité du chef-lieu de wilaya, notamment les sites du Corso», déplore un habitant de Zemmouri, estimant que c'est la récupération des terrains de ces sites qui intéresse les autorités et non pas le bien-être des citoyens. D'autres ont fait état du trafic énorme concernant la déclaration des familles sinistrées, l'octroi des chalets et leur gestion. De nombreux chalets ont changé de main à maintes reprises. Le trafic de chalets devient à présent dans cette wilaya du littoral un commerce lucratif. Outre la vente des chalets, certains proposent leur location pendant les périodes d'été pour les estivants, tandis que d'autres optent pour des locations annuelles. Des pratiques qui démontrent clairement que certains premiers bénéficiaires de ces chalets ne sont pas réellement des personnes sinistrées. A l'époque, 14 917 chalets ont été installés afin de prendre en charge les sans-abri selon les données de la direction de logement de la wilaya de Boumerdès. La gestion des chalets implantés lors du séisme du 21 mai 2003 est transférée à l'OPGI, et ce, conformément à l'arrêté interministériel du 8-3-2006 fixant les conditions et les modalités de gestion des sites transitoires chalets créés lors du séisme du 21 mai 2003.
Prise en charge des sinistrés Au lendemain du séisme, les personnes sinistrées ont été relogées dans des tentes. A cet effet, 94 sites composés de 17 818 tentes ont été ouverts dans les différentes localités de la wilaya de Boumerdès. Par la suite, ces chalets aménagés ont été installés progressivement sur 300 hectares. A présent, l'opération de relogement des habitants des chalets dans cette wilaya est en cours. Et ce dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire. Mais un grand nombre de bénéficiaires sont des indus occupants, au moment où les vrais sinistrés qui attendent depuis 14 ans prennent leur mal en patience. D'autres part, cette situation a pénalisé les demandeurs de logements sociaux qui attendent également la fin de l'éradication de ces chalets avant de voir leur tour arriver. Cette éradication des chalets se fait, certes, par la destruction carrément des sites. Une façon de couper court aux trafiquants qui tentent de tirer profit de chaque cérémonie de distribution de logement. Mais la complexité de ce dossier rend la tâche difficile dans la mesure où la plupart des bénéficiaires des chalets les ont légués à leurs enfants mariés. Ce qui nécessite du nouveau la prise en charge de nouvelles familles.
7951 logements démolis Le 21 mai 2003, la terre tremble à Boumerdès. La magnitude a été de 6,8 sur l'échelle de Richter. Le séisme a été particulièrement violent. Il a été ressenti dans plusieurs wilayas du nord du pays (Tizi Ouzou, Alger, Béjaïa, Blida, et même Médéa). La première secousse s'est produite à 19h44. De nombreuses répliques ont par la suite été enregistrées. L'épicentre de ce tremblement a été localisé en mer très proche du littoral dans la commune de Zemmouri. La wilaya de Boumerdès, à elle seule, a compté 1 391 morts. L'arrêté ministériel de 24 mai 2003 a déclaré les 32 communes de Boumerdès sinistrées. Le parc immobilier a été frappé de plein fouet. La wilaya entière est devenue une épave. Logements individuels (anciennes et nouvelles bâtisses), bâtiments édifices publics… de nombreuses constructions ont été touchées. Les dégâts sont considérables. L'ampleur de la catastrophe reste visible à nos jours en dépit du plan de la reconstruction dont cette wilaya a bénéficié. Suite au tremblement de terre ayant secoué la wilaya de Boumerdès en 2003, 7 951 édifices ont été complètement démolis, soit 4 347 logements individuels et 3 397 logements collectifs. Quant aux équipements et diverses bâtisses, ils sont au nombre de 207. Suite à ce séisme, 95 221 logements endommagés ont été recensés, et ce, à des degrés divers. Ainsi, 11 596 habitations ont été classées par les autorités compétences dans la catégorie rouge 5. Dans cette catégorie, on trouve toutes les constructions dont les dommages ont atteint les éléments de la structure de la bâtisse ainsi que les édifices qui se sont carrément effondrés. En deuxième catégorie, vient l'orange 4, soit 10 486 édifices, dont les dommages relevés au niveau des parties structurelles sont considérables et ceux des parties non structurelles qui restent tout de même très importants. En orange 3, on recense 20 146 constructions. Soit toutes les constructions ayant connu des dommages importants dans les parties non structurelles et des faibles dommages dans les parties structurelles. Vient en dernier lieu, la catégorie de vert 2 au nombre de 52 993 constructions. Ces dernières ont subi uniquement des dommages légers.