Au moment où la prise en charge des patients atteints de cancer se pose avec acuité, notamment pour les soins en radiothérapie sur le territoire national et à la recherche de solutions, le Pr Siham Oukrif, chef de service de radiothérapie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) incombe la responsabilité aux malades et aux oncologues. Ses déclarations à la télévision nationale (ENTV) au JT de 20h ont suscité colère et indignation des patients, à leur tête l'association el Amel d'aide aux patients atteints de cancer du CPMC qui se met «en porte-à-faux du satisfecit dont a fait preuve le professeur, chef de service, mais aussi contre les incohérences que nous avons relevées dans cette même déclaration», écrit l'association El Amel dans un communiqué rendu public. Le Pr Oukrif voulait faire croire à l'opinion publique à travers son intervention dans le cadre d'un reportage réalisé à l'occasion d'Octobre Rose pour la prévention du cancer du sein, que son service n'attend que les malades et que la prise en charge est excellente. Quant aux défaillances relevées, notamment sur les longs délais des rendez-vous par la journaliste, le Pr Oukrif a accusé ses collègues oncologues de ne pas adresser les malades dans les temps pour prendre RDV et les patients eux-mêmes qui ne viennent pas à leurs consultations. L'association El Amel a tenu à dénoncer à travers son communiqué ces déclarations et affirme que le service de la radiothérapie du CPMC ne suit pas le mouvement d'ensemble de parcours de soins dont il fait partie et «au lieu de chercher des solutions à un problème crucial, le Pr Siham Oukrif accuse les malades de ne pas se présenter à leurs rendez-vous». Une séance de radiothérapie n'est pas une sinécure, mais un soin indispensable pour se débarrasser d'un cancer. Nous voyons mal un patient menacé de mort qui ne «veut pas venir» à des soins. Le service de radiothérapie ne peut-il pas prendre le soin d'appeler ses patients programmés pour leur «rappeler» leur RDV ? s'interroge l'association, et de qualifier les arguments du professeur chef de service de fiction. Quant à la faute rejetée sur les oncologues, l'association signale que «la majorité des patients s'adressent à nous avec une lettre d'orientation des oncologues avant même d'entamer les soins de chimiothérapie pour être inscrits dans le calendrier de la radiothérapie. Le problème des RDV se pose également pour les patients atteints du cancer du sein et qui bénéficient d'un traitement conservateur où la radiothérapie seule est préconisée juste après l'acte chirurgical, sans passer par un oncologue. Cela justifie d'ailleurs le recours systématique à la chirurgie radicale car la maladie pourrait progresser», dénonce l'association El Amel tout en accusant la service de faire dans la discrimination. «Le service de radiothérapie du CPMC est le seul en Algérie à demander aux patients une résidence et une pièce d'identité. La régionalisation des soins a-t-elle commencé au CPMC alors que nous ne disposons pas encore de centres de radiothérapie partout en Algérie ? Pourquoi un patient d'Adrar est-il systématiquement orienté vers le CAC de Ouargla alors que ce serait plus facile pour lui de venir sur Alger que de se rendre à Ouargla faute de transport ?», s'interroge-t-elle. Et de dénoncer «la mise en péril des vies humaines» tout en interpellant le ministère de la Santé pour intervenir et mettre fin à cette situation «car elle remet en cause tous les efforts fournis par ailleurs pour la prise en charge des patients atteints de cancer», conclut le communiqué.