Le Mouvement théâtral de Koléa (MTK), une authentique école de théâtre, de surcroît une école qui éduque et cultive les jeunes, filles et garçons, est sur le point d'arriver à ses limites. En effet, les organisateurs de la manifestation culturelle, avaient décidé de donner une dimension maghrébine à l'événement, en invitant les troupes de théâtre de Tunisie (Tabelba de Monastir), du Maroc (Tawasoul masrahi de Casablanca), de Libye (Ahrar de Tripoli) qui n'ont pas confirmé leur participation. En plus des troupes maghrébines, le MTK a également invité ses homologues de Médéa, Sétif, Oran, Blida, du TNA et enfin celle de Fouka. Le MTK participera avec 4 troupes à cette 22e édition qui devait se dérouler à la Maison de la culture de Koléa (Tipasa) du 19 au 22 octobre 2017. Durant les 4 jours, Youcef Taouint et son équipe avaient conçu un programme qui s'articule autour des ateliers, l'un animé par Lahbib Boukhlifa, sur le thème de la mise en scène, et le second encadré par Youcef Taouint, ayant pour thème la mise en scène, en plus des spectacles pour enfants, une exposition et les représentations théâtrales chaque soirée à partir de 19h00. Comme à l'accoutumée, le MTK honore ses anciens élèves lors de chaque édition. Tikerbous Mohamed Amine, Nafnaf Djillali, Kara Zoubir et Yacine Achour, chaque soirée le public découvrira l'une des anciennes figures du MTK. Avec ses moyens dérisoires, le MTK ne pouvait aller au-delà de 4 soirées. Le palmarès du MTK est éloquent. On peut citer quelques uns, entre autres le 1er Prix de la jeunesse à Tlemcen (1995), le Grand Prix de Mostaganem (2010, 2011), le Dauphin d'Or à Skikda (2008), le Prix de la meilleure mise en scène à Sidi Bel Abbès (1998), ses participations au Festival mondial d'Avignon (France), en 2004, 2005, 2006, au Festival de Tunisie (2008), au Festival mondial de Tétouan (Maroc, 2010, 2012), sa participation aux échanges culturels entre l'Algérie et la Libye (2009). Les comédiens du MTK sont primés lors de leurs productions, à l'image de Yanina Mohamed, qui avait reçu les Prix de la meilleure mise en scène et du meilleur comédien en 2016. Le MTK, toujours présidé par Youcef Taouint, n'a pas cessé d'activer et d'organiser sa «fordja», en dépit des menaces des hordes criminelles durant la décennie noire. Les spectacles s'achevaient avant l'heure du couvre-feu. Les comédiens, les organisateurs et les très rares journalistes passaient leurs nuits à l'Institut national des impôts de Koléa, en attendant que le jour se lève. Le MTK s'était illustré durant ces tragiques années, afin que les jeunes demeurent attachés au théâtre. Youcef Taouint avait réalisé, grâce aux talentueux comédiens du MTK, des pièces de théâtre qui reflétaient la réalité de la société algérienne confrontée aux moult difficultés quotidiennes, tout en mettant à nu les maux qui rongeaient les Algériens. Tous les sujets étaient traités à la moulinette avec humour. Cela explique l'engouement du public au travail produit par les élèves du MTK. Chaque élève du MTK s'est envolé vers divers horizons. A présent, le MTK n'a pas trouvé une oreille attentive pour l'aider dans son entreprise. Empêtré dans des difficultés financières, Youcef Taouint et ses élèves lancent un appel, une fois encore, au ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et aux autorités locales, afin que la manifestation qui n'exige pas des sommes faramineuses puisse se dérouler sans difficultés, car les sponsors n'ont pas voulu adhérer à leur action. Il suffit d'assister à une seule soirée pour se rendre compte du sérieux de cette association culturelle qui n'a pas besoin de renforts de policiers et de gendarmes pour organiser sa manifestation. Une leçon de civisme. Le cri de détresse du MTK sera-t-il entendu ?