La déclaration hier du Parlement de la Catalogne de l'indépendance de la région a fait immédiatement agir l'Union européenne (UE). Sur son compte Twitter, le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, qui représente les 28 Etats membres, a écrit : «Pour l'UE, rien ne change. L'Espagne reste notre seule interlocutrice.» Comme il a appelé le gouvernement espagnol à «favoriser la force de l'argument plutôt que l'argument de la force». Depuis le début de la crise catalane, l'UE a affiché un soutien très ferme au gouvernement de Madrid, au nom du «respect de la Constitution espagnole». De leur côté, les Etats-Unis ont déclaré soutenir «l'unité» de l'Espagne, dans un communiqué du département d'Etat. «La Catalogne fait partie intégrante de l'Espagne, et les Etats-Unis soutiennent les mesures constitutionnelles du gouvernement espagnol visant à maintenir l'Espagne forte et unie», a indiqué dans le document la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert. «Les Etats-Unis jouissent d'une grande amitié et d'un partenariat durable avec notre allié de l'Otan, l'Espagne», ajoute la porte-parole, soulignant que les Etats-Unis et l'Espagne «coopèrent étroitement pour faire progresser (leurs) priorités économiques et de sécurité communes». A son tour, le président français, Emmanuel Macron, a assuré le Premier ministre espagnol de son «plein soutien» pour «faire respecter» l'Etat de droit en Espagne. «J'ai un interlocuteur en Espagne, c'est le Premier ministre Rajoy (...). Il y a un Etat de droit en Espagne, avec des règles constitutionnelles. Il veut les faire respecter et il a mon plein soutien», a déclaré le président Macron en Guyane, département français d'Amérique du Sud. Même option pour l'Allemagne : «Le gouvernement allemand voit l'aggravation de la situation en Catalogne avec inquiétude. La souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Espagne sont et restent inviolables», ainsi le gouvernement «ne reconnaît pas une telle déclaration d'indépendance», a affirmé sur Twitter Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière allemande. «Le gouvernement soutient la position claire du Premier ministre espagnol dans sa volonté de garantir et restaurer l'ordre constitutionnel», a-t-il ajouté. Berlin espère ainsi «que toutes les parties en présence privilégient le dialogue afin que la situation se détende». En déplacement en Guyane aux côtés du président Emmanuel Macron, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré l'UE «n'a pas besoin d'autres fissures, d'autres fractures». Et de relever : «Nous n'avons pas à nous insérer dans ce débat hispano-espagnol, mais je ne voudrais pas que demain l'Union européenne soit composée de 95 Etats membres.» La boîte de Pandore L'Europe, qui a géré non sans mal la crise financière grecque et celle des migrants, négocie avec Londres aujourd'hui le Brexit. En parallèle, des mouvements séparatistes et autonomistes dans différents pays du vieux contient remettent en cause les Etats-nations et leur système de gouvernance. Dimanche dernier, ce sont les riches régions italiennes de la Vénétie et de la Lombardie qui ont voté, à une écrasante majorité, en faveur d'une plus grande autonomie, avec une participation suffisamment importante pour leur donner un pouvoir de négociation face à Rome. En Vénétie, la participation à ce scrutin consultatif a atteint 57% et le oui a dépassé les 98%. En Lombardie, 38% des électeurs se sont déplacés pour voter oui à 95%. Ces deux riches régions, qui contribuent à hauteur de 30% du PIB italien et considèrent que Rome gaspille leurs impôts, veulent désormais négocier la nature et l'ampleur de leur autonomie, qui devra ensuite être validée par le Parlement En septembre 2014, lors du référendum en sur l'indépendance de l'Ecosse, le «non» l'a emporté. Cette région dotée de pouvoirs propres a obtenu plus d'autonomie après avoir frôlé le divorce. Le mouvement indépendantiste reste influent et la question de l'indépendance pourrait se poser après le référendum en faveur du Brexit. Sachant que les Ecossais se sont prononcés, eux, majoritairement (62%) en faveur du maintien dans l'UE. En mars dernier, le Parlement régional, dominé par le Parti national écossais (SNP) qui est indépendantiste, a voté en faveur d'un nouveau scrutin. La motion adoptée prévoit une consultation entre l'automne 2018 et le printemps 2019. Mais la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon doit obtenir le feu vert de la Première ministre britannique Theresa May et du Parlement de Westminster, qui y sont opposés. Le nord de l'Italie par des pulsions sécessionnistes. Aux avant-postes de la contestation : la Ligue du Nord. En Belgique, une coalition indépendantiste flamande réclame l'indépendance de la Flandre, déjà dotée d'un Parlement propre. Les Flamands s'estiment lésés économiquement par le gouvernement central. A l'Est du continent, le Pays Sicule en Transylvanie réclame à la Roumanie un statut autonome. Cette région majoritairement peuplée de Hongrois, souhaite la reconnaissance de sa culture et de sa langue.