La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, craint un remake du taux d'abstention des législatives du 4 mai dernier, lors des élections locales prévues le 23 novembre. «Les citoyens ignorent la campagne électorale, non pas par manque de maturité politique mais à cause de la situation socioéconomique et politique que vit le pays», a-t-elle déclaré lors d'un meeting animé hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Pour elle, l'impasse actuelle est la résultante de la politique d'austérité appliquée par le gouvernement depuis 2015. «La paupérisation de la société s'accélère. Au PT, nous nous opposons à toute politique d'austérité ou de réduction des budgets de fonctionnement et d'équipement de l'Etat qui briderait les investissements publics nécessaires à la relance de l'économie, à la création des emplois et au renforcement des services publics. Une telle réduction aura des conséquences néfastes sur les collectivités locales.» Et d'ajouter : «Cette politique d'austérité créera deux Algérie, une riche et utile et l'autre pauvre et inutile. Elle provoquera inéluctablement la dislocation sociale.» Dans le même contexte économique, Mme Hanoune a préconisé le recouvrement des milliards de dinars d'impôts impayés. «Ces créances fiscales dépassent largement les 500 milliards de dinars que compte injecter l'Etat par le biais du financement non conventionnel», fait-elle observer tout en suggérant, par ailleurs, la restitution de la taxe professionnelle (TAP) aux communes qui accusent un énorme déficit budgétaire. Sur un autre chapitre, l'oratrice a dénoncé les augmentations des prix des carburants annoncées pour 2018, lesquelles impacteront, souligne-t-elle, des secteurs consommateurs d'énergie, comme l'agriculture et l'industrie. «Au lieu de recourir à la poche du citoyen, le gouvernement devrait plutôt penser à récupérer les moyens publics dilapidés et forcer les détenteurs de gros capitaux à payer leurs impôts.» Louisa Hanoune met en garde contre les conséquences désastreuses de la politique du gouvernement. «Plus de 5000 projets de développement sont gelés depuis 2015 en raison de la conjoncture économique. Les budgets de secteurs stratégiques, comme la santé et l'éducation, ont été réduits de moitié. Pas moins de 1500 entreprises ont fermé. La dégradation de la situation socioéconomique se poursuit. Le gouvernement multiplie les provocations par des actions impopulaires. Les luttes vont crescendo, car le peuple refuse de servir de bouc émissaire.» Pour la secrétaire générale du PT, «le changement des politiques antisociales est conditionné par l'instauration d'institutions transparentes issues de la volonté populaire et, donc, conditionné par le changement démocratique véritable».