Un système à bout de souffle, périmé et obsolète (et) au bord de l'écroulement total.» Pour sa rentrée politique, Louisa Hanoune n'a pas que des présages en stock. La députée, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) réitérera toute l'impossibilité structurelle de «réformer le système de l'intérieur», à moins de l'«enclenchement d'un processus constituant» en vue de sa «transformation démocratique au service de la nation». «Un mois d'août d'enfer pour la majorité des Algériens (…) et pas seulement à cause de la canicule et des feux de forêt», ironisait Mme Hanoune à l'entame de son rapport d'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti, hier en son siège national à El Harrach. Louisa Hanoune y ferra, à l'occasion, son habituel et large tour d'horizon des questions d'actualité brûlante, dont le débarquement expéditif de l'homme aux «mesures audacieuses», Abdelmadjid Tebboune (après trois mois de primature), et son remplacement par l'éternel revenant, Ahmed Ouyahia. «Le dernier changement du gouvernement a fragilisé l'Etat et a entaché, comme jamais, l'image de l'Algérie à l'étranger», s'inquiète la militante et chef de file des travailleurs. «En interne, ajoute-t-elle, c'est la confusion au sommet de l'Etat alors que le fossé va en se creusant avec la majorité du peuple» hypothéquant son présent et son futur. Mme Hanoune dit prendre acte des dernières déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, quant au non-recours «sous aucun prétexte» à l'endettement extérieur sur instruction du président de la République. «Ceci nous réconforte, d'autant plus que les positions exprimées du secrétaire général du RND sur ce plan sont toute autre.» La secrétaire générale du PT observe que «pour l'heure, et sur le fond, il n'y a aucune décision allant dans le sens du renoncement public et officiel, à la correction de la trajectoire économique et à l'assainissement de la sphère économique» entamés par un Tebboune qui, certes n'est «ni un opposant ni une personnalité indépendante, mais un enfant du système mais qui a réussi néanmoins à faire bouger les choses et à susciter l'adhésion populaire». Louisa Hanoune prend au mot Ahmed Ouyahia qui a déclaré, lors de sa prise de fonctions, que l'Algérie est un «Etat de droit», que les «lois et règlements devraient être appliqués sereinement et sans publicité». Elle lui rappelle que ces lois, dont la Constitution, sont violées systématiquement et impunément par les «oligarques» et «prédateurs de l'argent public», et ce, en l'absence totale de la justice, «aux ordres» d'un omnipotent pouvoir exécutif. Pour preuve, énumère-t-elle, le non-recouvrement de plusieurs de dizaines de milliers de milliards d'impôts, de fonciers industriels soustraits à la collectivité nationale et servant de caution pour l'obtention de lignes de crédit. «Si le gouvernement cherche la sérénité et l'apaisement, poursuit la secrétaire générale du PT, il n'a qu'à moraliser la sphère économique et politique» promis par le président Bouteflika depuis 2011, mettre un terme à sa politique d'austérité, retirer les projets «moyenâgeux» de loi sanitaire, du travail, abroger la loi sur les retraites, déclarer l'«état d'urgence» pour les hôpitaux publics et dont les «budgets ont diminué de 75% depuis 2015»... En somme, à donner un «contenu» au discours dit de patriotisme économique plutôt que de «satisfaire les appétits d'une infime partie de très riches personnes et familles». «Si par contre le gouvernement louvoie, met-elle en garde, qu'il décide — ou qu'on lui ordonne — de renouer avec la politique antinationale et antisociale, avec la politique d'austérité fatale à la majorité des Algériens, il (le gouvernement) n'aura qu'à assumer les conséquences d'une explosion populaire.»