Le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, a appelé hier l'ensemble des parties prenantes dans le conflit du Sahara occidental occupé, les Nations unies, l'Union africaine (UA) et en particulier la France, à assumer leur responsabilité, rapporte l'APS. Comme il a dénoncé la complicité de Paris avec le Maroc et «une volonté de saper et bloquer le processus de paix au Sahara occidental». Au lendemain du discours de Mohammed VI, tenu à la date de l'invasion militaire marocaine des territoires sahraouis, Ould Salek a expliqué que le roi du Maroc a renié les engagements pris par son pays sous les auspices de l'Organisation des Nations unies (ONU) et de l'UA, relatifs au respect des résultats du référendum d'autodétermination, et bloque ainsi le processus de paix. «Le Maroc, n'est pas le seul à bloquer le processus de paix, mais la France, qui est membre permanent du Conseil de sécurité, le fait aussi», a-t-il observé, lors d'une conférence de presse organisée à l'ambassade de la République sahraouie à Alger. «Nous avons lancé un appel au secrétaire général de l'ONU, à son envoyé personnel et à l'UA à assumer leur responsabilité, et nous considérons que la France devrait jouer un autre rôle pour instaurer la paix dans la région car, a-t-il dénoncé, le Maroc sape à l'avance tous les efforts de l'ONU.» Le ministre sahraoui a exprimé à cette occasion son regret quant à l'attitude de la France vis-à-vis de la question du Sahara occidental, alors qu'elle intervient dans des questions concernant la région, tel qu'au Mali en vue de contribuer à l'instauration de la paix et au respecter des frontières de ce pays en envoyant des troupes pour, aussi, «instaurer la démocratie», mais, dans le cas du Sahara occidental «la France fait exactement le contraire». La France «remet en cause les frontières coloniales» qu'elle-même «a laissées et bloque une opération démocratique qui est l'organisation d'un référendum», a observé Ould Salek. Il a également qualifié le discours du roi du Maroc de «misérable», car non seulement il renie les engagements du Maroc, mais aussi la nature du conflit du Sahara occidental opposant deux parties, le Maroc et le Front Polisario. Dans le même contexte, le responsable sahraoui a dénoncé le non-respect par le Maroc des frontières de ses voisins dans son discours, «alors qu'il a signé et ratifié l'acte constitutif de l'UA, qui lui interdit de transgresser les frontières et d'occuper une partie du territoire d'un pays membre». Interrogé sur la participation de la République sahraouie au prochain sommet Union européenne-UA, prévu fin novembre à Abidjan en Côte d'Ivoire, le ministre sahraoui a affirmé qu'«il n'y aura pas de sommet UE-UA sans la République sahraouie, cela a été ratifié par l'UA et il existe un accord entre l'UE et l'UA». Et d'ajouter : «Le Maroc, avec la complicité de la France, a essayé de dresser des obstacles. Il s'agit pour nous, pour l'UA et pour l'UE d'un sommet entre deux organisations. Il n'est pas question d'exclure un quelconque pays.» Réagissant aux propos du roi du Maroc qui considère «la question du Sahara occidental comme une question qui relève exclusivement du Conseil de sécurité», il a indiqué qu'à travers ses dires, Mohammed VI «veut exclure l'Union africaine de cette affaire». «Voilà qu'un pays membre de l'Union africaine veut éloigner sa propre organisation régionale, qui est la première concernée par la question du conflit du Sahara occidental, dès le moment que géographiquement, historiquement et juridiquement cette question relève d'abord de l'UA», a--t-il relevé, avant de dénoncer le blocage du règlement du conflit à travers le veto de la France au sein du Conseil de sécurité.