Premier invité de cette rencontre organisée par Malek Amirouche au restaurant Aminel, Brahim Tayeb, l'un des meilleurs chanteurs kabyles de sa génération. Trois heures durant, l'auteur du tube à succès Intas matebgha est revenu sur son enfance à Larbaâ Nath Irathen, sa scolarité à l'école des non-voyants d'El Achour, puis à l'Institut d'interprétariat de l'université d'Alger, ses débuts dans la chanson ainsi que sa discographie riche d'une dizaine d'albums. Trente ans de carrière musicale entamée en 1989 avec Ussan Nni (Ces jours-là). «Mon apprentissage est instinctif. Dès qu'une chanson passait à la radio, je l'apprenais facilement. Je chante pour me guérir et surpasser ma douleur. J'essaye de capter des moments de ma vie que je mets en musique en traitant des thèmes en relation avec le contexte proche et mondial», dira-t-il. «On octroie des aides financières à certains mais pas aux autres» Brahim Tayeb rappellera les embûches rencontrées par les artistes dans leur travail de création, déplorant l'ingratitude des institutions de l'Etat dédiées à la culture qui, selon lui, ne fournissent pas l'assistance nécessaire aux chanteurs. «Même quand nous arrivons à finir un travail artistique, nous n'avons pas tous les mêmes acquis. Il y a une certaine injustice que je ressens continuellement. Nous donnons tout ce que nous avons en matière de création et de production artistiques, mais nous ne recevons que l'enfermement et l'ingratitude. On octroie des aides financières à certains mais pas aux autres. J'ai subi des blessures durant ma carrière», lance Brahim Tayeb. Revenant sur son dernier opus intitulé Sughed Itran-Ik (Allume tes étoiles), sorti récemment aux éditions Music-Pro, l'invité du Café littéraire a souligné que l'album est composé de six chansons, dont deux duos avec Hassiba Amrouche et Fella Assirem. Dans ce travail artistique salué par la critique, Brahim Tayeb aborde, entre autres thèmes, le phénomène des harraga dans le titre Tiflukin (Les barques), l'amour, la vie et la nostalgie des temps anciens où il faisait bon vivre. «J'adore tous les rythmes de mon pays… » Dans Afennan (l'artiste), il revisite en compagnie de Fella Assirem la chanson éponyme de Cherif Kheddam. «Je suis fier de notre patrimoine culturel et artistique, dont le malouf, le sahraoui et autres. J'adore tous les rythmes de mon pays (…) Je n'ai jamais eu peur de l'échec. J'ai toujours été sincère dans le travail avec les moyens dont je disposais. Je me suis toujours surpassé pour présenter un produit artistique de qualité». Présent à cette rencontre, le chanteur Malik Kezoui, qui a participé à cet album, a fait un témoignage sur le travail de Brahim Tayeb : «C'est un artiste plein de créativité. Quand il me faisait écouter ce qu'il faisait, je lui rétorquais, ‘‘Brahim, tu es méchant, car tu fais de belles choses !'' C'est une chance pour moi de l'avoir côtoyé.» Notons que cette rencontre a été agrémentée de morceaux musicaux joués à la guitare par Brahim Tayeb.