Il était venu jeudi dernier, à Oran, présenter son livre intitulé La tête des orphelins au sujet duquel il dit qu'il ne se raconte pas mais qu'il raconte l'Algérie. Son « coup de gueule », pour reprendre sa propre formulation, pour un pays qu'il aime a suscité un débat même si les présents, dans leur quasi-majorité, n'ont pas encore lu le livre récemment sorti chez Casbah éditions et récemment ramené à Oran par Dar El Gharb. D'après la présentation qu'il en a fait et comme l'indique si bien le proverbe populaire sur lequel s'appuie l'auteur pour justifier son titre, c'est l'expression : « On n'est pas sorti de l'auberge » qui ressort en dernier lieu. A première vue, celui qui est maintenant un parmi les doyens du monde de la presse en Algérie passe en revue mais de manière acerbe toutes les étapes vécues depuis 1962. Mais il affirme, lors de la rencontre, que « c'est toujours le même système qui est en place ». Cela suppose que les changements opérés depuis, y compris et surtout le dernier virage à droite opéré depuis 1988, ne sont pas le fait d'une volonté populaire. D'ailleurs, octobre 1988, date fondatrice du libéralisme algérien, est brandie en référence à des événements supposés être portés soit par des travailleurs (Rouiba) ou alors par « des jeunes », c'est-à-dire curieusement la frange qui ne justifie d'aucun revenu, pour la dernière catégorie et celle qui a payé un lourd tribut par la suite, pour la première. « Pourquoi nous n'avons pas réussi la transition comme d'autres pays l'ont fait ? », s'interroge Zoubir Souissi, référence probable à certains pays de l'ex-bloc soviétique. Sans parler des populations des pays qui ont eu à affronter les chars soviétiques sans forcément se revendiquer du libéralisme, la Pologne, qui nourrit par exemple presque une haine envers ce qui vient de l'Est, a fait sa mue après des années de lutte organisée. Mais l'auteur de La tête des orphelins dit : « Nous y avons cru à l'époque », cru donc au socialisme, même spécifique. En parlant au passé, cela voudrait dire que l'auteur a changé d'avis mais vers quoi ? Pour rester dans le passé, l'ancien directeur du Soir d'Algérie a également bien mis en évidence la grandeur de la révolution algérienne au point où il nous apprend qu'« au Venezuela, des filles qui naissaient s'appelaient Argelia ! » Mais cette référence à la révolution est faite comme si une frontière infranchissable nous y sépare. Le débat étant politique, si M. Souissi considère qu'il est aussi exemplaire, qu'est-ce qui l'empêcherait de prôner une autre révolution salvatrice pour le pays qu'il aime. Mais peut-être que cette notion fait plus peur que le « cauchemar qui continue » du chroniqueur Hakim Laâlam auquel il se réfère pour conclure et clore son intervention.