Avec ce livre, La tête des orphelins, c'est le journaliste qui partage la passion de l'écriture… L'idée d'écrire un livre a germé, il y a une dizaine d'années, où il était en train de maturer. Avant, je n'avais pas de temps. Je dirigeais le journal (Le Soir d'Algérie). Mais, là, depuis quelques années, j'ai pris du recul. C'est un ancien projet. Et en plus, ce n'est pas ma première tentative. J'ai déjà écrit une pièce de théâtre, il y a plus de trente ans. Là, je m'essaie à l'écriture de longue haleine. Et franchement, cela m'accroche ! Une vraie passion… Je pense que je vais continuer à écrire. ça y est, j'ai pris goût. Votre livre est autobiographique… Ce n'est pas ma biographie. Mais c'est un peu la biographie de notre pays. J'ai eu la chance de commencer ma carrière de journaliste juste après l'indépendance. Donc j'ai assisté à toutes les transformations subies par notre pays. Et que j'essaie de raconter. A travers un regard journalistique actant… C'est beaucoup plus des témoignages que j'apporte sur l'Algérie. Je raconte nos espérances, nos déceptions, bien sûr. Et comme tout bon Algérien aimant son pays, je suis consterné. J'aurais voulu que notre pays réussisse mieux que ce qu'il est maintenant. Hélas ! D'où le titre que j'ai choisi pour mon livre. Justement, pourquoi La tête des orphelins ? J'ai choisi le titre à partir de l'aphorisme arabe (ils apprennent la coiffure sur la tête des orphelins). Une politique-cobaye… C'est cela. Nous avons été pris en charge par des gens qui ont appris la coiffure sur la tête des orphelins. On fait l'autogestion puis la révolution agraire, ensuite c'est l'économie de marché. Et 45 ans après, nous n'avons pas encore trouvé la voie. C'est une déception. Une analyse sans complaisance… C'est un regard très critique, au contraire. Etre complaisant, ce n'est pas mon style. Et puis, ça sert à quoi d'être complaisant ? Aujourd'hui, la langue de bois ne marche plus. Je suis désolé, l'Algérie aurait pu être un pays locomotive de l'Afrique. Nous avons des moyens humains, un potentiel économique, l'un des meilleurs du continent. Et avec cela, nous sommes parmi les pays les moins développés d'Afrique, un taux de chômage inacceptable… C'est un témoignage à travers les étapes passées par l'Algérie jusqu'à octobre 1988. Cela suppose une suite… Peut-être. Mais dans l'immédiat, je pense écrire un roman. Je l'ai déjà en tête. ça y est, c'est l'écriture boulimique… Ah ça y est ! D'ailleurs, j'ai un exemple illustre. J'avais rencontré, il y deux ou trois ans, l'écrivain Yasmina Khadra, en Allemagne. Et il m'avait dit : écris ton premier livre, tu vas voir, tu vas prendre goût. Je crois qu'il avait raison. Quelle est la différence entre l'acte cursif journalistique et littéraire ? Je crois que dans mon cheminement personnel, c'est une suite. Il n'y a plus de curiosité à faire mon métier (journaliste). J'ai fait le tour de la question. Là, il fallait que j'aille vers autre chose. D'autant plus que les gens me disaient que j'avais le souffle pour écrire. Et cela, m'a encouragé. Maintenant, c'est au lecteur d'apprécier. La tête des orphelins - Zoubir Souissi Editions Casbah (novembre 2006)