Le projet de loi de finances 2018 a été adopté, hier, à la majorité à l'APN. L'opposition a, de son côté, manifesté son mécontentement et décrié la politique fiscale à deux vitesses. Paupérisation du peuple», «Soutien à l'oligarchie», «Fin de l'Etat social»… Les représentants de l'opposition à l'Assemblée populaire nationale (APN) se démarquent et accusent le gouvernement et la majorité FLN-RND-MPA-TAJ «de vouloir affamer le peuple» à travers le projet de loi de finances (PLF-2018), adopté hier. En effet, la séance de vote de ce projet a été marquée par une vive polémique autour de la suppression de l'impôt sur la fortune, décidée par la commission des finances de l'APN qui a rejeté, au passage, tous les amendements introduits par les députés du Parti des travailleurs (PT). Le décor était planté dès l'ouverture de la séance. Alors que la cloche sonnait pour signifier aux députés le début des travaux, les élus du PT affichaient leur mécontentement dans le hall de l'APN en brandissant des pancartes sur lesquelles étaient transcrits des slogans hostiles au PLF-2018 et à la politique du gouvernement : «Le pouvoir affame la majorité et engraisse la minorité», «Répression dans la rue et censure au Parlement» et «L'austérité pousse à la harga». «Ce projet est une tache noire dans l'histoire de l'Exécutif», dénonce le député Ramdane Taazibt, estimant que le gouvernement «met en place une politique de classes par excellence». La contestation s'est poursuivie même à l'intérieur de l'hémicycle. Profitant du temps qui leur est accordé pour défendre leurs amendements, Ramdane Taazibt et sa collègue du même parti, Nadia Chouitem, dénoncent «la répression des enseignants de l'Intersyndicale» et «l'emprise de l'oligarchie sur l'Assemblée». Malgré les rappels à l'ordre du président de l'APN, Saïd Bouhedja, qui leur demandait de «rester dans le sujet», les deux députés persistent à faire passer leurs messages. Juste après le vote sur le projet, les responsables des groupes parlementaires du MPS, du PT, du FFS et de l'alliance Ennahda-Adala-El Bina, ont tenu un point de presse pour afficher leur opposition à ce projet et à la politique du gouvernement. Pancartes à la main, les protestataires pointent du doigt le gouvernement et la majorité parlementaire. L'ISF : «une ruse du gouvernement» «Nous sommes contre ce projet. Toutes les lois du gouvernement ont prouvé leur échec sur le terrain. Ce projet a été conçu contre le citoyen. Et cela apparaît à travers les augmentations des taxes et des impôts qui le visent directement. C'est une véritable atteinte à l'Etat social. En revanche, ce texte encourage les hommes d'affaires et les détenteurs de l'argent sale qui prennent en otage l'Etat et l'économie», affirme Nasser Hamdadouche, chef du groupe parlementaire du MSP. Pour lui, le PLF-2018 risque de causer de «graves dégâts sur le plan social, économique et politique». «C'est cette majorité parlementaire préfabriquée qui assumera les conséquences de cette politique», lance-t-il. Affirmant que le groupe parlementaire du PT a été victime «de censure au niveau du bureau de l'APN», Djeloul Djoudi estime que «ce Parlement a tourné le dos à la majorité du peuple algérien, en décidant d'accepter l'augmentation des taxes et des impôts qui sont des mesures préjudiciables pour le citoyen». «En revanche, ce Parlement augmente les avantages et les cadeaux au profit de l'oligarchie qui s'enrichit. La poursuite de la politique de l'austérité signifie que l'Etat fuit ses responsabilités. Même la mesure qui était de la poudre aux yeux, en l'occurrence l'ISF, a été supprimée», dénonce-t-il. Abondant dans le même sens, Lakhdar Benkhelaf, chef du groupe parlementaire de l'Alliance Ennahda-Adala-El Bina, soutient que «le pouvoir reste fidèle à sa logique». «Hier il a refusé de respecter la volonté populaire en accordant la majorité des sièges au parti de l'administration et aujourd'hui il ignore ce peuple. Ce PLF-2018 s'inscrit dans la continuité des lois de finances de 2016 et 2017 ; il vient pour affaiblir davantage le pouvoir d'achat des Algériens», condamne-t-il. De son côté, le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaa Bouaiche, met l'accent sur «la ruse» du gouvernement. «Au FFS, nous avons rejeté ce projet, car il détruit le caractère social de l'Etat algérien. C'est un texte qui affame le peuple et qui protège les intérêts de l'oligarchie et des prédateurs qui ont détruit l'économie nationale et les espoirs du peuple algérien», dit-il. Selon lui, «même l'impôt sur la fortune était une ruse du gouvernement qui veut montrer que c'est le Parlement qui l'a refusé». «Aujourd'hui la majorité, le gouvernement et le pouvoir assumeront les conséquences de ce PLF-2018», tranche Chafaa Bouaiche.