L'hiver risque d'être rude pour de nombreux enseignants et directeurs d'établissements scolaires de l'éducation, ainsi que leurs familles, obligés de quitter manu militari les logements de fonction et d'astreinte qu'ils occupent depuis plusieurs années. En effet, après des mises en demeure adressées aux retraités du secteur, un délai de 30 jours leur a été accordé pour libérer les lieux. Aujourd'hui, des huissiers ont été chargés d'appliquer la procédure de décision d'expulsion. Dans la région ouest de la wilaya de Blida, que ce soit à Mouzaïa, La Chiffa, Oued El Alleug, Larbaa ou encore El Affroun, ils sont nombreux, des directeurs d'école et des enseignants fraîchement partis à la retraite, à se voir signifier, par la force de la loi, de remettre les clés des logements de fonction et d'astreinte. Des expulsions qui risquent aussi de porter préjudice à la stabilité de leurs familles, leurs enfants scolarisés surtout. «Nous n'avons pas d'autres logements que ceux que nous occupons actuellement», explique Halim B., retraité. Et de souligner: «Nombre d'entre nous n'ont bénéficié ni de logements sociaux ni de parcelles de terrain pour construire nos maisons.» Documents à l'appui, notre interlocuteur exhibera plusieurs demandes de logement déposées au niveau des services concernés, sans pouvoir en bénéficier. «Si j'occupe encore le logement de fonction, c'est parce qu'aucune de mes demandes de logement n'a connu de suite positive», déplore Halim B. Ce dernier nous présentera un autre document, appelé certificat négatif, délivré par les services du foncier de la circonscription d'El Affroun, attestant qu'il ne possède aucun bien personnel. Le document lui a été remis afin de surseoir à la décision d'expulsion pour ceux qui n'ont pas de logement. La directrice de l'académie interpellée Les menacés d'expulsion des logements de fonction dans les tout prochains jours, c'est-à-dire mis à la rue en ces temps de pluie et de froid, interpellent les responsables de l'Académie de Blida, à leur tête sa directrice, afin d'étudier les dossiers au cas par cas, tout en reportant les décisions de mise en exécution des expulsions. Surtout qu'il existe une correspondance émanant des services du Premier ministère datant du 29 mai 2013 (dont El Watan détient une copie), adressée au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, en réponse à une demande du ministre de l'Education nationale sollicitant la prise en charge des retraités occupant les logements de fonction et d'astreinte dans les établissements éducatifs. Dans cette correspondance, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales souligne que le ministre de l'Education nationale a sollicité le Premier ministre pour la prise en charge des retraités et les familles des travailleurs de l'éducation nationale qui occupent des logements de fonction dans les établissements, en leur réservant des quotas de logements dans le cadre des programmes lancés par l'Etat. L'instruction du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales se termine par : «J'ai l'honneur de vous informer que le Premier ministre vous demande d'examiner en relation avec les walis concernés les solutions les plus adaptées pour apporter une réponse appropriée aux sollicitations formulées par le secteur de l'éducation.» Les retraités de la wilaya de Blida, actuellement poursuivis en justice afin de les contraindre à libérer les logements de fonction qu'ils occupent depuis plusieurs années, demandent la cessation des poursuites judiciaires et la mise en place d'une commission au niveau de l'Académie de Blida, chargée de traiter cet épineux dossier. A commencer par l'étude de la condition d'expulsion en rapport avec l'octroi d'un logement social. Il y va de l'honneur et de la dignité de ceux qui ont consacré toute leur vie à l'éducation de nombreuses générations.