La 8e édition du Festival international du film documentaire a décerné une série de prix hautement mérités aux récipiendaires. Baisser de rideau sur la 8e édition du FICA, jeudi soir à la salle El Mougar, avec un programme bien ficelé. Pour rappel, dans le cadre de la tenue, du 1er au 8 décembre, de la 8e édition du Festival international du film engagé, neuf films de fiction et neuf documentaires étaient en compétition. Ainsi, après des délibérations bien «douloureuses», comme l'a si bien souligné le président du jury du film documentaire et professeur malien Manthia Diawara, le palmarès de cette huitième édition a été dévoilé devant une assistance nombreuse. Ainsi, dans la catégorie fiction, le Grand Prix du jury documentaire a été décerné au film Kemtiyu Cheikh Anta du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye. Le Prix spécial du jury documentaires est revenu au film On revient de loin (Opération Corréa2), des réalisateurs français Pierre Carles et Nina Faure. Une mention spéciale du jury a été octroyée au film Off Frame, la révolution jusqu'à la victoire, du réalisateur palestinien Mohanad Yaqubi. Dans la catégorie du jury de fictions, le Grand Prix est allé à A United Kingdom, de la réalisatrice Amma Asante, et celui du Prix spécial du jury fictions au réalisateur algérien Karim Moussaoui pour son long métrage En attendant les hirondelles. La mention spéciale du jury fictions a été décrochée par la réalisatrice brésilienne Eliane Caffé pour son film Era O hotel Cambridge. Dans un autre registre, le prix du public catégorie documentaires est revenu ex aequo à Maman Colonnelle, de Dieudo Hamadi (République Démocratique du Congo) et à Jean Gnêt un captif amoureux, parcours d'un poète combattant, de Michèle Collery (France). Le prix public catégorie fictions a été remporté ex aequo par les films Bataillon, du réalisateur russe Dmitri Meskhiev, et Nous n'étions pas des héros, de Nasreddine Guenifi. Dans son allocution, la commissaire du festival, Mme Zehira Yahi, a déclaré : «Nous voici parvenus à cet instant où la tristesse se mêle à la joie parce qu'il faut bien se quitter après tant de beaux moments, tant de découvertes, tant d'échanges et d'enrichissements culturels et humains. Mais, à bien y regarder, que pèse la tristesse devant la joie d'avoir mené ensemble à bon port –vous cinéastes, vous public, et nous organisateurs– cette huitième édition du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé, devant le bonheur d'avoir partagé des images, des actions, des idées, des paroles, des émotions, des musiques, des histoires, des mémoires et des valeurs venues du monde entier. D'une manière ou d'une autre, tous les films que nous avons vus ici nous enseignent à ne jamais baisser les bras, à maintenir intacte notre capacité à nous indigner et notre volonté à transformer cette indignation en possibilité pratique ». Et d'ajouter : «Tous les films que nous avons vus nous enseignent que nous n'avons ni le droit ni le temps d'être tristes… Nos pensées sont maintenant à El Qods avec notre détermination à ne pas oublier le peuple palestinien qui, plus que jamais, a besoin de notre soutien réel et pas seulement proclamé… Nos pensées vont également à ceux qui nous ont quittés mais que nous garderons dans nos cœurs et nos mémoires : Mohamed Bouamari, Youcef Bouchouchi, Mahmoud Zemmouri et Stevan Labudovic.» Comme le veut la tradition, le festival a rendu, cette année, un hommage à l'une des figures de proue du cinéma algérien, le réalisateur algérien Rachid Bouchareb, pour sa riche carrière cinématographique. A cet égard, le public a pu découvrir quelques extraits de ses films, à l'image de Cheb 1991, Poussières de vie, 1994, Little Sénégal 2001, Indigènes, 2006, London river, 2009, Hors-la-loi, 2010, Omar m'a tuer, 2011, ou encore La voie de l'ennemi, 2014. Emu à l'extrême, le réalisateur Rachid Bouchareb a essuyé de grosses larmes quand la commissaire lui a décerné le trophée du festival. Après quelques secondes très émouvantes, il reprend le micro en faisant un bref discours mais ô combien lourd de sens. «Merci à tous les artistes algériens, comédiens et techniciens à qui je voudrais rendre hommage ce soir, comme Larbi Zekal, et Youcef Sahraoui. J'espérais pouvoir continuer à faire des films avec vous, car sans vous je n'aurais pas été aussi loin dans ma carrière», a-t-il lancé sous des salves d'applaudissements. Cette soirée de clôture s'est refermée avec la projection du dernier long métrage, La route d'Istanbul, de Rachid Bouchareb. Un film qui représentera l'Algérie aux Oscars 2018.