Le recours aux énergies renouvelables dans un contexte où l'on se prépare à l'après-pétrole n'est plus un choix mais une nécessité. Avec un ensoleillement de plus de 3000 heures par an, l'Algérie est «une pile à ciel ouvert». Sommes-nous prêts pour le renouvelable ou pas ? Malgré la législation élaborée et les programmes lancés, l'Algérie reste à la traîne dans l'exploitation des énergies renouvelables. Pourtant, le pays ne manque pas d'atouts et de richesses naturelles inépuisables, comme le solaire surtout, et dans une moindre mesure, l'éolien. «Près de 400 MW ont été réalisés sur 22 000 MW du programme de développement des énergies renouvelables, cela représente 0,2%», indique Tewfik Hasni, expert et spécialiste en transition énergétique. Même parmi les pays de la région, l'Algérie exploite très faiblement les énergies renouvelables. 2030, c'est déjà demain et l'objectif de 22 000 MW devant couvrir 27% des besoins en énergie de la population algérienne reste encore loin à atteindre, si le tournant du renouvelable n'est pas pris sérieusement. «Nous n'avons pas pris conscience de l'impact du manque d'efficacité énergétique sur notre économie. Il est vrai que le plus grand gaspillage se situe au niveau de la consommation des ménages. Mais le poids de l'industrie est faible, car notre économie était orientée principalement vers les hydrocarbures. La diversification économique devrait voir doubler, au moins à court terme, la capacité industrielle. Le gaspillage serait alors plus évident. Les performances de toutes les entreprises algériennes en matière d'efficacité énergétique sont catastrophiques», souligne Tewfik Hasni (voir l'entretien). Le monde évolue et les énergies aussi. Le recours au renouvelable dans un contexte où l'on se prépare à l'après-pétrole n'est plus un choix mais une nécessité. Avec un ensoleillement de plus de 3000 heures par an, l'Algérie est «une pile à ciel ouvert», comme le souligne l'expert pétrolier Mourad Preure. Un pays voué à produire de l'énergie continuellement et sans épuiser son sous-sol et à moindre coût. Oui, le coût du solaire est de plus en plus bas. Il y a une «baisse continuelle du prix des cellules photovoltaïques. A titre de référence, le dernier appel d'offres solaire lancé en Arabie Saoudite s'est soldé avec un prix au mégawatt heure (Mwh) le plus bas historique, environ 15 euros, en battant la production électrique à base d'énergie fossile», indique Chems-Eddine Hafiz, avocat d'affaires et spécialiste dans le domaine des énergies renouvelables. «Alors que ses coûts de production connaissent une baisse rapide, l'énergie solaire est appelée à progresser à vive allure dans les pays en développement, délogeant ainsi les combustibles fossiles. Dans plusieurs pays, l'énergie d'origine photovoltaïque revient déjà moins cher que l'énergie produite par les centrales à gaz et à charbon. L'évolution en cours est encourageante : partout dans le monde, les énergies renouvelables tirent l'expansion dans systèmes de production d'énergie, le solaire arrivant en tête du peloton, sachant qu'aujourd'hui plus de la moitié des dispositifs solaires se trouvent dans des pays en développement», indique la Banque mondiale dans une récente publication. Pour la 5e année consécutive, les investissements dans les énergies renouvelables dans le monde ont atteint 249,8 milliards de dollars, «soit deux fois plus que dans les centrales fonctionnant avec des combustibles fossiles. Cela correspond à l'ajout total de 161 GW de capacités renouvelables supplémentaires, dont 47% dus à l'énergie photovoltaïque», précise encore la BM qui observe un intérêt croissant parmi ses clients pour l'énergie solaire. Un des plus grands producteurs de pétrole qu'est l'Arabie Saoudite ambitionne le double des objectifs tracés par l'Algérie pour l'horizon 2030 en termes d'exploitation des énergies renouvelables. Le coût de l'électricité d'origine photovoltaïque ayant beaucoup baissé, de nombreux Etats, dont l'Arabie Saoudite, l'Argentine, le Chili, les Emirats arabes unis, l'Inde ou encore la Jordanie ont «organisé des appels d'offres record pour l'énergie photovoltaïque». Sclérosés par une fausse idée de rente pétrolière et gazière éternelle, les gouvernements successifs hésitent à donner le véritable coup de starter à l'exploitation des énergies renouvelables en Algérie, même si un ministère a été créé pour cette raison. En attendant de voir la nouvelle stratégie du secteur et ses retombées sur le développement des capacités énergétiques du pays, pour l'heure l'exploitation du solaire par exemple reste très faible.