L'auteur Ali Battache a publié dernièrement aux éditions El Amel un ouvrage intitulé Ahmed Feddal (Si H'mimi Oufadel), un chef de la Wilaya III. Dans cet entretien, il revient sur l'importance de ce glorieux martyr, peu connu du public algérien Propos recueillis par Nacima Chabani Après avoir présenté, il y a quelque temps, un livre sur Cheikh El Haddad, vous récidivez en vous intéressant à une autre figure de proue de la Révolution algérienne, à savoir Si H'mimi Oufadel... Il faut savoir que ce livre sur Si H'mimi a été d'abord écrit en langue arabe, avant d'être traduit en langue française avec un groupe de gens. Nous avons réussi cette traduction en français, mais il faut noter que la version en arabe sera disponible dans les librairies en mars prochain. Je voudrais rappeler que Cheikh El Haddad était l'un des leaders kabyles de l'insurrection de 1871, la plus importante survenue au XIXe siècle en Algérie après la conquête du pays par la France, aux côtés du Cheikh El Mokrani. Il était, aussi, le chef de la confrérie Rahmania. Ainsi, je me suis rendu compte très vite que Cheikh El Haddad et Si H'mimi Oufadel ont mené le même combat. Ceux qui ne connaissent pas l'histoire de ces deux personnages ne peuvent pas connaître l'histoire de l'Algérie. L'histoire de notre pays ne peut être complète sans ces deux icônes de la Révolution. Comment avez-vous procédé pour collecter toutes les informations relatives à ce chef de la Wilaya III ? J'ai mis une année pour écrire ce livre, avec une moyenne de huit heures d'écriture par jour. J'ai fait plus de 87 déplacements. Je me suis déplacé dans les régions, entre autres, Guenzet, Beni Ouertilène, Benimaouche, M'sisna, Ath Aïdel, Bordj Bou Arréridj, Béjaïa… pour récolter des informations. Il est important de souligner que Si H'mimi est cité superficiellement dans les ouvrages. Il est connu de nom et c'était un grand combattant, mais sa grandeur, les gens ne peuvent pas la situer. Moi je me suis efforcé de montrer les facettes de l'homme politique et militaire à la fois. Il a joué un très grand rôle dans la Révolution algérienne. Il a marqué la Wilaya III de son empreinte. Il était un précurseur. Il a fait un grand effort pour annihiler le conflit messaliste dans la région de Guenzet. Il a négocié avec les messalistes pendant quatre réunions. Il était derrière la préparation du Congrès de la Soummam. Si H'mimi était un moudjahid de la région de Beni Maouche, située dans la wilaya de Béjaïa, en Kabylie. Cette région est, également, rattachée à la commune de Lafayette, mais exactement au village Aguemoune n'Ath Khiar. Avez-vous pu approcher certains membres de la famille du martyr Si H'mimi ? J'ai eu la chance d'avoir quelques cd de Si H'mimi. C'est-à-dire que sa famille m'a fourni quelques cd. Tout le livre est basé sur des témoignages de Si H'mimi lui-même. En outre, j'ai fait quelques témoignages avec d'autres moudjahidine et moudjahidate, notamment avec Si Amar El Hafidi. Ce dernier va d'ailleurs sortir son livre dans les prochains jours. Il y a aussi le témoignage précieux du dernier secrétaire de Si H'mimi Oufadel, à savoir Benakila Belkacem. Il y a aussi le témoignage du garde personnel de Si H'mimi, qui est toujours vivant, Khidouci Abdelkader. Je dois préciser que j'ai lu tous les livres consacrés à Si H'mimi. Comment s'est aiguisé votre intérêt pour l'histoire ? J'ai toujours aimé la glorieuse histoire. Je le fais par passion. Je m'intéresse surtout aux gens qui ont marqué l'histoire et qui ne sont pas connus. Ils sont soit ignorés, soit isolés. C'est pour cela que je mets le paquet à chaque fois que je cible un personnage révolutionnaire. Il faut dire aussi que cet intérêt pour l'histoire remonte à mon enfance. Quand j'étais au collège, je m'intéressais à l'histoire. J'ai enseigné quelque temps le français, mais j'ai opté pour l'histoire-géographie par vocation. J'ai organisé, entre autres, des expositions de photos sur la vie de Cheikh El Haddad, sur le déclenchement du 1er Novembre et sur certaines dates historiques. A travers ce livre, vous réhabilitez un personnage important et vous laissez un legs à la génération actuelle et future... Exactement. Ce livre est destiné, entre autres, aux générations actuelles et futures. Mais c'est surtout pour corriger l'histoire. L'affaire des messalistes de Guenzet n'est pas connue. J'ai traité cela dans le détail. Dans ce livre, je relate les réunions que Si H'mimi a tenues avec les messalistes. Il a négocié en 1955 le ralliement de plusieurs militants messalistes dans les rangs de l'ALN, comme il a su faire face à l'opération Dufour, en intensifiant, en 1956, les opérations de sape des lignes ennemies. Ce livre m'a encouragé à écrire sur ma région, Seddouk et Mesisna, pendant la guerre d'Algérie.