Les odieuses pressions diplomatiques de dernière minute de Donald Trump et de sa représentante à l'ONU, Nikki Haley, n'auront pas suffi. L'Assemblée générale des Nations unies a adopté, jeudi 21 décembre, à une large majorité (128 votes favorables, 35 abstentions et 9 votes défavorables), une résolution sur le statut d'Al Qods (Jérusalem), parrainée par la Turquie et le Yémen. Le texte reprend, dans ses grandes lignes, un projet présenté trois jours plus tôt au Conseil de sécurité, qui condamnait implicitement la récente reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par le président américain. Les Etats-Unis, membres permanents du Conseil, s'étaient alors servis de leur droit de veto pour empêcher l'adoption de cette résolution, soutenue par les quatorze autres membres. Ce blocage avait conduit les Palestiniens, qui souhaitent que Jérusalem-Est, colonisée par Israël en 1967, devienne la capitale de leur futur Etat, à réclamer la tenue d'une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale. En amont de cette réunion, M. Trump a cherché à intimider, menaçant de couper les vivres aux pays récipiendaires de l'aide financière américaine en cas de soutien à la nouvelle résolution. La Maison-Blanche a aussi laissé entendre qu'une adoption du texte pourrait affecter à la baisse la participation des Etats-Unis au budget de l'ONU, qui doit déjà être réduite lors du prochain exercice. Ce message a été martelé par Nikki Haley dans un discours musclé à la tribune de l'Assemblée générale, où elle a défendu le choix de Washington de déplacer son ambassade en Israël de Tel-Aviv à Al Qods. «Les Etats-Unis se souviendront de ce jour où ils ont été pris pour cible à l'Assemblée générale pour le simple fait d'avoir exercé leur droit de nation souveraine», a lancé l'ambassadrice américaine. «Nous nous en souviendrons lorsqu'on nous demandera à nouveau d'être les principaux contributeurs des Nations unies», a-t-elle poursuivi sans fard. La véhémence de l'intervention de Mme Haley a suscité le scepticisme et l'incrédulité de nombreux diplomates, peu rompus au chantage au portefeuille de la part de la première puissance mondiale. Le texte, qui rappelle une série de résolutions du Conseil de sécurité sur Al Qods et souligne le caractère illégal de l'occupation par Israël de la partie orientale de la Ville sainte, a été soutenu par près de deux tiers des Etats membres. La France et le Royaume-Uni, partenaires traditionnels des Américains à l'ONU, ont voté pour, tout comme la Chine, la Russie et l'ensemble des pays du monde arabe. «Malgré leurs menaces et leur agressivité, les Etats-Unis n'ont pas réussi à persuader la plupart des Etats, qui ont fait un choix libre et souverain, s'est réjoui le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al Maliki, à l'issue du vote. Nous sommes ici pour écrire un nouveau chapitre avec les pays qui souhaitent que Jérusalem soit la capitale de la Palestine et rejettent la décision du président Trump, contraire au droit international.» L'adoption de la résolution marque un échec de l'administration Trump, qui avait fait du vote un quasi-référendum sur sa crédibilité au Proche-Orient.