Les Etats-Unis ne font plus trembler le monde. Il est attendu que la résolution contre la décision de Donald Trump, soumise au vote aujourd'hui, rassemble quelque 180 voix sur les 193 que compte l'AG de l'ONU. El Qods est plus qu'une ville. C'est un symbole religieux, historique et culturel. El Qods est le coeur battant de la Palestine. L'histoire, l'héritage, le quotidien et les aspirations du peuple palestinien sont entrelacés avec ceux de la Ville sainte. Cette ville résume, à elle seule, la légitimité du combat palestinien. Offrir El Qods aux Israéliens est une trahison pour les pays arabes. C'est une violation des lieux saints de l'Islam pour les musulmans du monde entier. C'est aussi une transgression de la Charte des Nations unies pour les pays du monde entier. Les réactions ne se sont donc pas fait attendre depuis l'annonce du président américain, le 6 décembre dernier, de reconnaître cette ville symbole comme capitale d'Israël. Des manifestations et des violences quotidiennes ont été enregistrées dans les Territoires occupés et qui se sont soldées par la mort de huit Palestiniens. Des marches imposantes ont été organisées partout dans le monde. Dans un discours d'une rare virulence, Mahmoud Abbas a estimé qu'avec cette décision, les Etats-Unis s'étaient disqualifiés en tant que médiateur dans le processus de paix. Partout dans le monde, un rejet quasi unanime de la décision de Trump a été affiché. A l'ONU, les ambassadeurs de France, Royaume-Uni, Italie, Suède et Allemagne ont affirmé que cette décision «n'est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité». Réunis au Caire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont estimé que les Etats-Unis se sont «retirés comme parrains et intermédiaires du processus de paix». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son pays «n'abandonnera pas Jérusalem à la merci d'un Etat terroriste qui tue des enfants», annonçant sa décision d'ouvrir prochainement une ambassade à El Qods. Les leaders musulmans ont appelé le monde à reconnaître cette ville capitale d'un Etat palestinien, à l'issue d'un sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul. Inquiète des risques d'une escalade violente, l'ONU a réuni son conseil de sécurité à la demande de la Suède, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Bolivie, l'Uruguay, l'Egypte et le Sénégal. Plusieurs de ces Etats ont considéré que la décision américaine viole des résolutions de l'ONU. L'Egypte a alors soumis une résolution condamnant la reconnaissance des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël. Un vote écrasant qui a recueilli 14 voix pour (y compris de la Russie ou de la Chine, ainsi que de la France et du Royaume-Uni - les deux plus proches alliés européens des Etats-Unis) a sanctionné la réunion. Isolés au sein du Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont dû opposer leur veto. Une «insulte» selon l'ambassadrice américaine à l'ONU qui n'a fait qu'exprimer la pensée de son président. Pour ce dernier, l'Amérique est le «maître» du monde et aucun Etat n'a le droit de s'opposer à sa vision des choses. En colère donc, il a chargé son ambassadrice, Nikki Haley, de menacer le reste du monde pour éviter une nouvelle humiliation lors du vote aujourd'hui de l'assemblée générale de l'ONU, sur une résolution condamnant la reconnaissance par Washington d'El Qods comme capitale d'Israël. «Jeudi, il y aura un vote critiquant notre choix. Les Etats-Unis noteront les noms (...)» a déclaré Nikki Haley. Mais les menaces des Etats-Unis ne font plus trembler le monde. Et la décision d'aujourd'hui qui sera prise par l'ONU le démontrera comme celle adoptée dans la soirée de mardi dernier. L'AG de l'ONU, faut-il le préciser, a adopté une résolution réaffirmant le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à la création d'un Etat palestinien indépendant, par un vote écrasant qui a recueilli 176 voix pour et sept contre (Etats-Unis, Canada, Israël, Etats fédérés de Micronésie, Iles Marshall, Nauru, et les Palaos). Il est attendu aujourd'hui que 180 pays sur les 193 que compte l'AG de l'ONU votent pour la résolution proposée par le Yémen et la Turquie, au nom du groupe des pays arabes et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Les résolutions onusiennes sont non contraignantes et n'auront, pour ainsi dire, aucun effet sur la décision prise par Donald Trump. Pour faire comprendre à Trump que le monde ne fonctionne pas selon son humeur, la réaction des pays doit être autre. Car si Trump considère que par cette décision, il vient de tenir sa promesse électorale, il s'ensuit une question incontournable: quand est-ce que l'ONU, les pays arabo-musulmans et le reste du monde tiendront la leur? Celle de prendre des mesures vraiment efficaces qui contraindront Israël à discuter des conditions d'une solution équitable et durable au conflit qui l'oppose aux Palestiniens.