Les manœuvres commencent en prévision de la présidentielle de 2019. Et c'est le FLN qui se met déjà en campagne pour… le 5e mandat du chef de l'Etat. Alors que son secrétaire général, Djamel Ould Abbès, invite, en public, ses militants à ne plus évoquer, avant terme, cette échéance, une instruction semble donnée, en catimini, aux responsables de l'ex-parti unique d'agir. En effet, à moins de 15 mois du rendez-vous présidentiel, les premières actions sont déjà lancées, visant à faire croire qu'un mandat supplémentaire pour le chef de l'Etat «est une demande populaire». Comme pour le 4e mandat, c'est le député Bahaeddine Tliba, une recrue du FLN après les législatives de 2012, qui tente de se mettre en évidence dès l'entame de l'année 2018. Dans une interview — certainement commandée — accordée à notre confrère Tout sur l'Algérie (TSA), cet homme d'affaires de Annaba lance un appel à la création d'«une coordination pour le 5e mandat». Selon lui, cette initiative est partagée par les membres du comité central du parti qui «lui donneront une forme à l'occasion de leur réunion du mois de mars prochain». Le député se montre sûr de lui. «Je suis partisan du président et moudjahid Abdelaziz Bouteflika et du 5e mandat. Ma position exprime directement celle de mes collègues du comité central du FLN, qui s'apprêtent à lancer l'initiative lors de la prochaine session. Je suis convaincu que mes frères et sœurs du comité central et avec eux les bases nationales et locales du parti seront, sans aucun doute, favorables au lancement de cette initiative sur le 5e mandat», déclare-t-il. Vendredi dernier, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhedja, s'est rendu dans la wilaya de Djelfa, où il a participé à une mise en scène. Invité à «un déjeuner, par les responsables de la zaouïa El Marzougia», Saïd Bouhedja a reçu une «lettre pour le président Bouteflika» de la part des responsables de la zaouïa, dans laquelle ils l'invitent à poursuivre «son œuvre…». Les responsables de ladite confrérie religieuse invitent ainsi le chef de l'Etat à briguer un mandat supplémentaire. En tout cas, ce genre de procédé est très utilisé par les responsables du pouvoir, afin de montrer que l'appel à la reconduction du chef de l'Etat «est une demande émanant de la société». Les mêmes manœuvres ont déjà été utilisées, rappelons-le, en 2009 et en 2014. Mais cette fois-ci, les tenants du pouvoir et leurs relais veulent accélérer l'échéance en vue de renouveler le bail de l'actuel locataire d'El Mouradia et éliminer toutes les candidatures sérieuses. Le lancement prématuré de cette campagne fermerait le jeu, même, à l'intérieur du pouvoir, où les personnalités ambitieuses seront contraintes de refouler leurs vœux, de crainte d'être lourdement sanctionnées. La rencontre à laquelle a appelé, pour aujourd'hui, le secrétaire général du FLN avec l'UGTA et les patrons a certainement un lien avec la prochaine présidentielle, puisqu'elle véhicule, en arrière-pensée, une volonté de barrer définitivement la route à l'actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, considéré comme l'une des rares personnalités du régime «apte à briguer un mandat de président de la République».