Une année s'achève et une autre commence. Si 2017 a été fortement agitée, 2018 s'annonce être une année hautement politique. La récente actualité nationale donne un avant-goût de ce que sera cette nouvelle année, qui sera assurément marquée par les préparatifs pour la présidentielle d'avril 2019. Une campagne précoce pour le 5e mandat est lancée par un groupe d'élus au FLN. Son chef de file n'est autre que le trublion Bahaeddine Tliba, député FLN de la wilaya de Annaba. Un député qui va à contre-courant des consignes de la direction du parti, selon lesquelles il ne faut pas parler du 5e mandat à l'heure actuelle. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, avait annoncé en décembre dernier la programmation de la présidentielle de 2019 à la prochaine session ordinaire du comité central du parti, qui aura lieu en mars de l'année en cours. Beaucoup de regards seront rivés sur cette session, qui n'aura d'ordinaire que le nom. Djamel Ould Abbès avait affirmé que le candidat du FLN pour la prochaine présidentielle sera désigné lors de cette session. De nombreux observateurs de la scène politique se demandent si réellement le CC du FLN va trancher la question de la présidentielle, ou s'il va se contenter d'un appel du pied au chef de l'Etat pour briguer un 5e mandat. A voir l'agitation actuelle de Bahaeddine Tliba, connu pour sa proximité avec les cercles de décision, la balance penche plutôt du côté de l'appel à une continuité présidentielle sous le règne de Abdelaziz Bouteflika. Mais il serait naïf de croire que le suspense sur la candidature ou non du président Bouteflika à un nouveau mandat sera levé lors de cette session du FLN. Cela même si Djamel Ould Abbès avait déclaré publiquement qu'il connaissait le nom du futur président de la République. La mise au point faite par la présidence de la République à Mustapha Farouk Ksentini, ex-président de la CNCPPDH, suite à ses propos relatant la volonté du chef de l'Etat de briguer un autre mandat, semble ainsi refroidir les ardeurs du défenseur zélé du 5e mandat qu'est Djamel Ould Abbès. Ce dernier trouve aujourd'hui «prématuré» d'en parler, estimant qu'il reste encore une année et demie pour le 4e mandat du président Bouteflika. Comme pour la présidence de 2014, les intentions du président Bouteflika ne seront connues qu'à l'approche du délai de dépôt des dossiers de candidature pour la présidentielle. Cette situation va créer une atmosphère fertile aux supputations, manœuvres et manipulations de toute nature. Les débats sur la présidentielle 2019 seront inéluctablement liés à la conjoncture économique difficile, avec les prix du pétrole qui restent bas par rapport aux besoins du pays en matière de développement. Les formations de l'opposition vont continuer à prévenir contre les risques graves d'une telle entreprise politique, pendant que les partisans de la continuité, notamment les partis au pouvoir, vont tenter de vendre l'idée d'un renouveau économique en marche dans un pays politiquement stable. Mais cette stabilité n'empêchera pas les rivalités entre les deux principaux partis au pouvoir, à savoir le FLN et le RND, en guerre depuis les élections législatives du 10 mai dernier, marquées par le retour en force du parti d'Ahmed Ouyahia à l'APN, avec 100 députés à la manœuvre. Cette guerre s'est encore accentuée avec le remplacement de Abdelmadjid Tebboune, membre du CC du FLN, par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND. D'ailleurs, Djamel Ould Abbès saisit le moindre événement politique pour lancer des piques au Premier ministre et tenter de rappeler que le FLN a toujours son mot à dire sur l'action gouvernementale. Cela, même si le gouvernement ne fait qu'appliquer le programme du président de la République, qui est également le patron du FLN. Le dernier épisode de cette guerre entre le FLN et le RND est la question des privatisations des petites et moyennes entreprises publiques. Ainsi, on voit Djamel Ould Abbès monter au créneau, ces derniers jours, pour mettre en garde contre la privatisation des entreprises stratégiques. Cela même si le gouvernement avait précisé que l'ouverture du capital ne concerne que les PME et PMI. La rivalité entre le FLN et le RND va davantage se corser cette année. C'est une façon aussi pour le pouvoir de créer un semblant de vie démocratique dans un pays qui reste suspendu à la volonté de son Président. L'année 2018 sera également un véritable test pour les forces de l'opposition, qui ont tenté vainement en 2014 de constituer un bloc politique soudé. La multiplication des initiatives politiques, lancées par des partis ou par des personnalités durant l'année écoulée, renseigne sur les profondes divisions que connaît l'opposition, toutes tendances confondues. Recoller les morceaux serait une prouesse dans un contexte politique qui manque de visibilité.