La campagne électorale pour les élections locales de jeudi prochain, qui a pris fin hier à minuit, a provoqué une grande fissure dans les murs fragiles de la nouvelle «alliance présidentielle» relancée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Après une entente de façade affichée à l'occasion du débat sur le plan d'action du gouvernement et à la veille de la présentation du projet de loi de finances (PLF-2018) à l'APN, la guéguerre refait surface et risque de s'aggraver à l'approche de la présidentielle de 2019. Prêtant des ambitions présidentielles au secrétaire général du RND, le patron du FLN, Djamel Ould Abbès, multiplie, depuis 20 jours, ses attaques contre lui. Sans le citer, le premier responsable de l'ex-parti unique ne rate aucune occasion pour lui apporter la contradiction, même sur la politique du gouvernement, censée être celle du président de son parti, en l'occurrence le chef de l'Etat. Comme il l'a fait à l'occasion de la campagne pour les législatives du mois de mai dernier, Ould Abbès donne l'impression d'être missionné pour faire barrage à Ahmed Ouyahia et le pousser à juguler son ambition. Certes, la rivalité entre le FLN et le RND concernant le contrôle des Assemblées élues a toujours été rude. Mais les questions sur lesquelles réagit le secrétaire général du FLN laissent penser à un autre enjeu, plus important : la présidentielle de 2019. Sentant, peut-être, que le premier responsable du RND, qui a exploité le programme du gouvernement dans sa campagne pour les locales, prend des ailes, il tente de freiner son élan en le critiquant sévèrement. En effet, Djamel Ould Abbès affiche son «opposition à la privatisation des entreprises publiques» et «l'éventuel recours au licenciement des travailleurs». Sur le soutien d'Ouyahia à l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, le secrétaire général du FLN se démarque en l'accusant de «vouloir mettre en doute la crédibilité de la justice algérienne». «On ne doit jamais douter de la justice, car si on doute de la justice de notre pays, il ne resterait plus rien. Ahmed Ouyahia devra assumer la responsabilité de ses propos», déclare-t-il. Cependant, c'est sur la prochaine présidentielle que Djamel Ould Abbès a adressé des messages clairs au chef du RND : «Seul Dieu et le FLN savent qui sera le président en 2019», «Le nom du prochain Président est dans ma tête » ou encore «Le prochain président sera du FLN». Cette stratégie semble avoir porté ses fruits, puisque Ahmed Ouyahia a été contraint de montrer patte blanche et de réaffirmer sa loyauté au chef de l'Etat. Lors de son passage, samedi soir, sur le plateau de la chaîne de télévision privée, El Bilad, il a affirmé que son parti soutiendra le 5e mandat, si le chef de l'Etat présente sa candidature. Cette position lui évitera-t-elle de nouvelles attaques ? Sera-t-il maintenu à la tête du gouvernement après les prochaines élections locales ?