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Ahmed Ouyahia parle des événements du Printemps berbère : «Des erreurs politiques ont été commises en 1980» Il est la Cible de manœuvres depuis plus d'une semaine
C'est la première fois qu'un haut responsable de l'Etat parle d'«erreurs politiques» en évoquant les événements du Printemps berbère de 1980. En effet, jeudi, à l'ouverture des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national du RND, Ahmed Ouyahia a surpris plus d'un en évoquant ouvertement et sans tabou le Printemps berbère, et ce, une semaine après la célébration de manière officielle de Yennayer, premier jour du calendrier agraire amazigh. Selon Ouyahia, en réhabilitant la dimension amazighe dans l'identité nationale, le président Bouteflika a libéré l'Algérie de «ses malentendus» et «hésitations». «Le président Bouteflika a libéré l'Algérie de l'hésitation et du mauvais jugement. Il suffit seulement de rappeler les erreurs politiques qui ont été commises en 1980 lors d'une simple conférence académique du professeur et homme de lettres Mouloud Mammeri», a déclaré M. Ouyahia. Faut-il rappeler que l'annulation de cette conférence sur la poésie kabyle a provoqué un vaste mouvement de protestation à Tizi Ouzou qui a été sévèrement réprimé, surtout dans la nuit du 19 avril 1980, par les forces de sécurité. Mais pour l'histoire, M. Ouyahia a tenu, selon lui, à rétablir les faits. Il précise — une position jamais exprimée publiquement — que Bouteflika était contre cette interdiction. «Je le dis pour l'histoire, M. Bouteflika avait exprimé son désaccord quant à l'interdiction d'une simple conférence académique du linguistique Mouloud Mammeri», note le secrétaire général du RND, qui détaille les avancées qu'a connues tamazight sous le règne de Bouteflika, alors que sous Chadli l'introduction de la dimension amazighe de notre identité nationale dans le préambule de la Constitution de février 1989 s'est faite de manière très timide. Des piques contre ould Abbès «Mais depuis 1995, tamazight est enseignée à l'école publique, et depuis 2016, il y a eu la constitutionnalisation de tamazight, langue nationale et officielle, et en 2017 la proclamation de Yennayer fête nationale chômée et payée ; ajoutons également que l'Algérie a organisé une commémoration nationale», énumère M. Ouyahia, confirmant que ces évolutions ont été jalonnées de martyrs de la cause amazighe, y compris de jeunes enfants. «Le RND s'incline à la mémoire des martyrs de la cause amazighe», souligne M. Ouyahia, sans oublier de rappeler que ces évolutions sont également le fruit des efforts du président Bouteflika dans sa quête de réconcilier les Algériens avec eux-mêmes et avec leur patrie. En convoquant l'histoire et en révélant que des erreurs politiques ont été commises en 1980, Ouyahia pointe, entre autres, du doigt l'ex-parti unique. D'ailleurs, dans son discours d'ouverture comme de clôture devant les membres du conseil national de son parti, le secrétaire général du RND a lancé des piques, sans le citer, contre le FLN dirigé par Djamel Ould Abbès qui est, d'après lui, à l'origine des problèmes qu'a connus le parti avant et après les élections locales. «Notre parti a fait face ces dernières années à plusieurs problèmes causés parfois par des formations politiques que le RND a soutenues ces 20 dernières années», déplore M. Ouyahia, qui pense que ces attaques et cette attitude prouvent que le RND est un parti fort. Des accusations contre le Maroc Et à cet effet, M. Ouyhaia a vivement remercié les militants du parti, sa deuxième famille, pour leur soutien. «J'apprécie fortement votre appui», lance-t-il. Le patron du RND s'est dit toutefois prêt à tourner et non à déchirer la page : «Je ne dis pas qu'il faut oublier ce qui s'est passé, mais ce qui est passé reste derrière nous.» M. Ouyahia a aussi rappelé le soutien indéfectible du RND au président Bouteflika, sans préciser qu'il n'a nullement la prétention de revendiquer ce qui appartient à tout le peuple algérien, en réplique à Djamel Ould Abbès qui ne rate aucune occasion pour rappeler que M. Bouteflika est le président du FLN. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia, en s'alignant sur les positions de l'Etat, a dénoncé, allusion au Maroc, ceux qui tentent de noyer l'Algérie de haschich et de cocaïne. «C'est une agression contre le peuple algérien et une volonté de ralentir son développement. C'est là aussi une insulte grave envers l'avenir commun des peuples maghrébins», a-t-il accusé.