Le collectif des fabricants de chaussures tire la sonnette d'alarme pour dénoncer la «concurrence déloyale» dont ils sont victimes et qui met en difficulté le développement de leur métier. Les opérateurs spécialisés dans le domaine de la chaussure considèrent «qu'au moment où la chaussure algérienne commence à prendre de la visibilité sur le marché national tant du point de vue qualité qu'esthétique, l'ouverture du marché national à une importation anarchique et non contrôlée vient mettre en péril tout un savoir-faire obtenu au prix fort des années de patience et de labeur». «Nous sommes incapables de faire face à cette concurrence déloyale. Résultat des courses, toutes ces fabriques, fleurons d'une industrie en pleine expansion, menacent de fermer leurs portes et des milliers de personnes risquent de perdre leur emploi», s'inquiète Benammar Mustapha Kamel, membre de la Fédération nationale des commerçants et des artisans. Selon notre interlocuteur, il existe au niveau national plus de 3600 ateliers de fabrication de chaussures qui peuvent produire plus de 100 millions de paires par an, ce qui permet de satisfaire amplement la demande locale. «D'autant plus que cette industrie, si un intérêt particulier lui est accordé, peut générer des centaines de milliers d'emplois», souligne M. Benammar. En amont, la production et la préparation de la matière première nécessite beaucoup de main-d'œuvre en tannerie, quincaillerie, etc., en aval, des artisans dans la fabrication des chaussures (modélistes, formistes, stylistes, piqueurs) sont très sollicités, sans oublier la commercialisation du produit fini. Notre interlocuteur rappelle aussi que les fabricants soucieux d'améliorer leur activité et de placer sur le marché un produit reflétant leur savoir-faire ont investi dans un matériel de haute technologie très coûteux. Cet effort de modernisation de l'appareil de production représente des années de travail et d'efforts. Par ailleurs, tout en vantant le savoir-faire des artisans locaux, M. Benammar plaide pour la valorisation de la chaussure locale à travers l'organisation d'une exposition nationale pour faire connaître la qualité du produit local.