L'Algérie n'a pas fini de nous révéler tous ses secrets. En effet, par deux fois en l'espace de quelques semaines, des pioches, creusant un puits ou pour dégager une place, ont mis la lumière sur des vestiges. Cela s'est produit fin novembre à Tipaza et à Béjaïa. Dans la première localité, une pelle mécanique avait heurté une grande citerne, un puits et une chambre dans laquelle reposait le squelette d'un être humain qui, selon les mensurations prises sur place, révèle qu'il s'agit d'un jeune homme âgé entre 12 et 14 ans et doit dater de l'époque romaine. Les services de l'hydraulique ont aussitôt suspendu leurs travaux afin de laisser place aux archéologues pour entamer les fouilles. Sur un site Internet algérien, il a été déclaré qu'à Béjaïa, les découvertes n'ont pas bénéficié de la même attention. Il s'agit d'une pierre portant des inscriptions libyques qui dateraient, selon les premières estimations, de 3000 à 5000 ans avant J.-C. La découverte s'est produite alors qu'un bulldozer entamait une opération d'ouverture de pistes dans le village Ifoughalen, dans la commune de Boukhlifa, distante de 50 Km du chef-lieu du département de Béjaïa. La pierre, qui mesure 120 cm de longueur sur 80 cm de largeur, portait des inscriptions libyques. Pour M. Jarmoun, cité dans le site, et confirmé par Slimane Hachi, du Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnologiques (CRAPE), certains signes sont reconnus comme étant des caractères du tifinagh, encore en usage de nos jours. La découverte a eu lieu en présence du vice-président de l'APC de Boukhlifa. Si toute l'attention n'est pas portée sur ces découvertes, le risque de les voir se dégrader rapidement par l'homme ou la nature est imminent, avertit le site internet. La dégradation des sites archéologiques Le premier danger vient de la nature. En effet, il est observé dans les régions sahariennes, où sont concentrées les plus grandes parties de l'art préhistorique, la desquamation en « pelures d'oignons » des roches gravées ou peintes. C'est pour lutter contre ce phénomène que l'Unesco a tenté l'expérience dans le Tassili en recouvrant certaines peintures de vernis végétal. Sans grand résultat, car au bout de quelques années, il fut constaté que le pourtour des œuvres pelait tout de même. Aucune étude n'est venue révéler les effets secondaires du vernis végétal. Il est même accusé d'étouffer le grès en l'empêchant de respirer. Un autre phénomène met aussi, en danger les bâtisses historiques. Il s'agit de la pluie qui s'infiltre dans les murs et dégrade la chaux mélangée à de la terre. Pour les sites se trouvant sur le pourtour de la mer, c'est le sel marin qui constitue l'ennemi numéro un... C'est un rongeur et il dégrade rapidement le bronze ou le marbre. Constat amer sur les statues datant de l'époque antique à Cherchell ou à Tipaza. Mais il est d'une nuisance encore plus grave que celle causée par la nature et l'homme en est l'instigateur. De nombreux sites ont été détruits pour faire de la place à l'homme et répondre à ses besoins. Le développement urbain au détriment du parc archéologique est un fait avéré et les exemples pleuvent : « Le lotissement de parcelles à bâtir sur le périmètre archéologique à Mansourah (Tlemcen), l'extension de la ville de Tipaza. » Explication : les sites et monuments historiques sont situés au cœur des cités comme Alger, Constantine, Béjaïa, Tipaza, Annaba, Oran, Tlemcen... Pour Tipaza, l'œuvre et les efforts entrepris par de nombreuses associations et par l'Unesco ont permis la promulgation de l'arrêté interministériel du 22 juin 1994 qui porte approbation du plan de sauvegarde du patrimoine de la ville. Hormis cette avancée, quand ce n'est pas l'exploitation de pierre portant inscription rupestre, servant à la construction de routes ou de pistes, c'est le pillage de pierres de taille.