Chaque année, plus de 4000 personnes perdent la vie dans des accidents de la route. Un bilan de guerre qui ne cesse d'endeuiller les familles. Selon le Centre national de prévention et de sécurité routière (Cnpsr), plus de 2800 personnes sont décédées dans 19 559 accidents de la route survenus lors des neuf premiers mois de l'année 2017. Depuis des décennies, tous les bilans et études présentés par les services de sécurité routière (police, gendarmerie nationale, Protection civile...) incriminent le facteur humain comme principale cause de ce terrorisme routier. 87% est le taux d'implication de ce facteur dans les accidents mortels qui touchent dans un cas sur deux des jeunes de moins de 40 ans. Dans une publication scientifique intitulée «Le profil psychologique du conducteur algérien à haut risque», Laggoun Lahcene, chercheur à l'université de Biskra, indique que le conducteur à hauts risques est souvent «un jeune de sexe masculin (73% des hommes), d'un niveau d'instruction faible ou moyen, chômeur et fréquemment exposé aux risques routiers. Sur l'aspect de la personnalité, généralement il a des scores en neuroticisme et en extraversion élevé». A travers un travail de terrain mené en 2015 auprès d'un panel de conducteurs algériens, le chercheur s'est fixé pour objectif la lourde tâche de déterminer le profil psychosocial du «chauffard». «Le conducteur à hauts risques est un conducteur qui présente un risque élevé d'accident et que l'on associe à un nombre élevé d'infraction et/ou d'accidents. Il se définit comme étant celui qui persiste à s'engager dans des comportements routiers à hauts risques, tels que la conduite avec des capacités affaiblies, l'excès de vitesse, le passage aux feux rouges, le non-port de la ceinture de sécurité et qui présente un risque plus élevé d'accident», instruit l'auteur de l'étude. Il s'agira aussi de compléter cette liste avec d'autres facteurs tels que la conduite en état de fatigue, la consommation de drogue et d'alcool. Se référant aux études internationales sur la question, il s'est avéré que le profil psychologique du «délinquant routier» est quasiment identique dans tous les pays. D'abord, le profil type est un mâle célibataire qui a un permis depuis moins de deux années. Son âge est inférieur à 30 ans. Il y a aussi un critère de taille : en effet, contrairement aux conductrices, ce sont les jeunes hommes qui présentent un niveau d'instruction faible qui sont souvent les plus dangereux sur la route. Se basant sur ce genre d'étude sur les conducteurs qui enregistrent un grand nombre d'infractions de la route, il est également constaté que ces «dangers publics» aiment rouler dans des véhicules puissants qu'ils «chevauchent» souvent la nuit. S'agissant du profil psychologique, il est révélé que ces chauffards ont des scores élevés en neuroticisme et en extraversion. «(L'étude) a montré l'existence d'un lien entre les traits de personnalité du conducteur et son comportement au volant avec une relation positive entre l'extraversion et la prise de risques. Cela s'explique par les caractéristiques des extravertis connues par la baisse de leurs performances d'exécution des tâches liées à la baisse de vigilance. Aussi, elle a montré qu'un score élevé en neuroticisme est fréquemment lié à la prise de risques et associé à des défauts d'attention par une augmentation du stress», explique l'auteur de l'étude. En conclusion, le Dr Laggoun confirme la notion d'exposition au risque. Ainsi, les conducteurs à hauts risques sont de gros rouleurs qui aiment se déplacer dans des véhicules puissants. Leur passion de la conduite est assouvie à travers une conduite nocturne fréquente. Par ailleurs, l'auteur valide l'hypothèse du lien de la prise de risques avec le profil de personnalité. «Au total, on peut décrire le profil psychosocial du conducteur à hauts risques comme étant un jeune de sexe masculin (73% des hommes), d'un niveau d'instruction faible ou moyen, chômeur ou d'activité professionnelle libérale». S'agissant des aspects liés à la conduite, l'étude démontre que le chauffard est le plus exposé aux risques routiers. «Il a un véhicule puissant, voire très puissant, fait plus d'accidents matériels et corporels et il est fréquemment puni suite à une infraction du code de la route». Pour ce qui est de la personnalité, le terroriste de la route «a des scores en neuroticisme et en extraversion plus élevés que les autres conducteurs». Face à ces constats, le Dr Laggoun préconise de mener des études de ce genre pour pouvoir repérer les conducteurs à hauts risques «afin de les orienter vers des programmes de prévention et d'éducation, sachant qu'il est plus efficace et moins coûteux d'empêcher la survenue d'un mal que de chercher à en réparer les conséquences.»