Malgré les multiples mises en garde et polémiques médiatisées, les promesses quant à l'ouverture d'enquêtes pour situer les responsabilités, les policiers continuent délibérément à déployer une violence insensée contre les manifestants et les étudiants qui – pacifiquement – manifestent pour entendre leurs voix car les canaux de communication habituels ont été rompus sciemment par la tutelle préférant faire appel à des syndicats étudiants agréés, sans ancrages réels, satellites des partis au pouvoir, une sorte de dialogue entre amis, sacrifiant ainsi le million et demi d'étudiants sur l'autel des intérêts personnels et organiques. Comme si les images qui ont fait le tour du monde des résidents bastonnés et blessés et celles des étudiants algériens faisant la queue devant l'Institut français d'Alger n'ont pas suffi pour convaincre le gouvernement de s'asseoir autour d'une table et discuter des revendications des uns et des autres et trouver des solutions consensuelles et durables. La répression et la brutalité policière, ajoutées aux restrictions des libertés, notamment celle relative à la libre circulation des personnes pourtant garanties par la Constitution, vient confirmer ainsi que le pouvoir n'a pas de réponses à apporter aux revendications. A bout de souffle et en manque de ressources financières – l'ère de l'achat de la paix sociale à tout prix est révolu –, retour donc à la baston et la politique de la sourde oreille. Piégé par son discours populiste des années fastes et l'octroi de privilèges et de droits tous azimuts, de promesses, promettant un travail pour tous, le gouvernement a recruté à tour de bras, inondant ainsi l'administration et les entreprises publiques avec des milliers de fonctionnaires inefficients et de postes fictifs, une sorte de chômeurs professionnels sur le dos du contribuable. Mais ça, c'était les années où le baril du pétrole se vendait à 120 dollars où l'on ne se souciait guère des performances ou du gaspillage des deniers publics. Une politique qui a mené au désastre malgré les alertes des spécialistes, et qui s'avère aujourd'hui un fardeau lourd à porter et ces milliers de jeunes diplômés au chômage abandonnés sans perspective aucune. Reste donc le bâton comme seule réponse, et c'est ce que le pouvoir maîtrise le mieux comme moyen de dialogue. Puis, on vient s'interroger sur le phénomène de la harga, le réduisant au mieux à une histoire de «plaisir et de loisir». Exit donc la corruption, les passe-droits, le piston, le favoritisme, la répression policière, une justice à deux vitesses, celle destinée à l'Algérien d'en haut et celui d'en bas. Non, tout cela le pouvoir ne connaît pas, ce n'est qu'une vue d'esprits malveillants qui veulent du mal au pays. Ces médecins résidents, ces étudiants et ces diplômés au chômage cherchent d'abord la dignité, le rêve, l'espoir et la réussite loin de la répression et des balises dressées par le pouvoir. Ils veulent créer et innover pourvu qu'on les laisse s'épanouir. Se construire et construire leur pays sans être brimés. Participer à l'effort national et exceller dans tous les domaines dans un climat favorable, équitable et bénéfique pour tous. Enfin, ils veulent vivre leur époque sans contrainte ni répression aucune et accéder à la modernité et aux valeurs de liberté et de démocratie.