Plusieurs syndicats et associations nationales condamnent massivement le comportement de la police antiémeute qui a bastonné lundi les étudiants qui observaient un sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, afin d'exiger l'annulation du décret dévaluant leurs diplômes. Contacté par Le Temps d'Algérie hier, Achour Idir, secrétaire général du Conseil national des lycées d'Algérie (CLA), a estimé que le mouvement estudiantin est «la résultante d'un ensemble de réformes engagées en Algérie depuis des années. En premier lieu, la réforme générale de la fonction publique qui ne réserve que la précarité d'emploi à tous les diplômés. En deuxième lieu, la réforme de la grille des salaires adoptée en 2008 qui a induit une très mauvaise classification des catégories des différents corps, et en troisième lieu, les différentes réformes dans le secteur de l'éducation et dans celui de l'enseignement supérieur». Il explique qu'«il y a manque de coordination et de concordances entre les deux réformes», comme il y a «un problème dans les différents textes qui régissent l'université et la fonction publique. Cette disconcordance est liée au nouveau système LMD». «On veut mettre sur un pied d'égalité les différents diplômes, sans prendre en considération le nombre d'années d'études et la qualité de la formation acquise», déclare notre intervenant, qui estime que cela a amené les étudiants algériens à se rendre compte des contradictions et des irrégularités entre les deux diplômes. Interrogé sur la manière dont les policiers ont opéré pour disperser les étudiants, causant 20 blessés, le SG du CLA a rappelé que c'est «le combat de tous les jours. Nous sommes convaincus que seule la lutte paye, et peut arracher le maximum de libertés, qui nous permettra d'exprimer nos profondes revendications en terme de mal vivre». A l'occasion, il réitère l'engagement de son syndicat à soutenir les universitaires dans leur combat. L'Ugel exige une enquête ferme L'Union générale des étudiants libres (Ugel) condamne fermement les agissements de la police antiémeute, qui a réservé aux étudiants venant demander leurs droits pacifiquement un traitement réservé aux bandits et criminels. «C'est des personnes intellectuelles qui ne demandent que leurs droits légitimes. Il fallait les écouter et dialoguer avec eux, au lieu de les bastonner comme des criminels», tonne M. Nouassa, président de l'organisation estudiantine, qui affirme qu'il suit de très près l'évolution de cette affaire. «Nous exigeons qu'une enquête soit faite afin de déterminer les commanditaires de ces dépassements. Ils doivent être jugés et condamnés», déclare-t-il, avant d'ajouter que lui-même a déjà pris attache avec le ministre de l'Enseignement supérieur afin de prendre en charge les doléances des manifestants. Selon M. Nouassa, le ministre a promis de régler ce problème au cours du Conseil des ministres qui s'est tenu hier. La LADDH dénonce La LADDH dénonce cette répression et condamne le recours systématique aux forces antiémeutes pour faire face aux actions pacifiques et aux revendications légitimes des étudiants et des acteurs sociaux. Ghachi Lounès, secrétaire général du SAP, a, pour sa part, estimé que la matraque n'a jamais réglé les problèmes. «Il faut ouvrir la porte du dialogue à nos enfants, qui sont les cadres de demain», souligne-t-il.