Majda Sabah, qui a joué dans le film consacré à la moudjahida Djamila Bouhired, faisait partie de la délégation officielle lors de la commémoration des manifestations du 11 Décembre 1960 organisées dans la wilaya de Chlef. Les cérémonies officielles de la commémoration des manifestations du 11 Décembre 1960 ont été organisées, cette année dans la wilaya de Chlef, sous la présidence du ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbès. Mais la vedette de cette manifestation a été, sans conteste, l'actrice égyptienne Majda Sabah, qui a joué dans le film consacré à la moudjahida Djamila Bouhired. Elle faisait partie de la délégation officielle venue d'Alger, composée du secrétaire général de l'ONM, Saïd Abadou, et ceux des organisations des enfants de chouhada et de moudjahidine. Contre toute attente, Majda était mise au devant de la scène à chaque étape du déplacement des officiels accompagnés des autorités locales, à leur tête le secrétaire général de la wilaya, représentant du wali de Chlef (en mission à Alger, semble-t-il). D'abord, au cimetière des chouhada de la ville, où elle accompagnera le ministre des Moudjahidine lors du dépôt de la gerbe de fleurs à la mémoire de nos martyrs tombés au champ d'honneur. Cela n'a pas été du goût de certains membres de la famille révolutionnaire et d'invités, à l'image de Fadhéla Benbouali, sœur de la chahida Hassiba Benbouali. Révoltée par le manque de considération manifesté à son égard à cette occasion, elle nous confiera : « On m'a repoussée devant la stèle dudit cimetière et on a fait appel à l'actrice égyptienne pour accompagner le représentant du gouvernement afin de déposer la gerbe de fleurs. » Un geste qu'elle qualifie d'inadmissible car, pour elle, cette journée commémorative est avant tout « une journée algéro-algérienne ». On croyait que l'incident était clos et que les organisateurs allaient se rattraper lors de l'inauguration de la stèle érigée à la mémoire de sa sœur, Hassiba Benbouali, au centre-ville de Chlef où la martyre avait vu le jour le 18 janvier 1938. Il n'en a rien été puisque Fadhéla a été, une nouvelle fois, ignorée et marginalisée et l'on n'a même pas daigné lui faire appel pour déposer la gerbe de fleurs aux côtés du ministre des Moudjahidine. On lui a préféré toujours l'invitée égyptienne, chose qu'elle n'accepta pas et dénoncera à haute voix devant une assistance médusée. Elle quittera aussitôt la cérémonie de recueillement en signe de protestation et regagnera ses proches qui l'attendaient non loin de là. Ces derniers étaient mis eux aussi à l'écart. « Je me demande si je suis indépendante dans mon pays ? » lancera-t-elle en quittant le lieu. Le ministre des Moudjahidine et la délégation qui l'accompagnait ont continué la visite comme si de rien n'était. Auparavant, un autre incident s'est produit à la salle des conférences du musée régional où se tenait une partie des cérémonies officielles. Le représentant du gouvernement prononçait son discours lorsqu'une coupure d'électricité a plongé la salle dans l'obscurité totale. « C'est une coupure. Sans commentaire », dira-t-il à ce propos. On fit appel au cameraman de l'ENTV pour éclairer la tribune à l'aide de sa torche ! La conférence que devait donner un docteur en histoire sur les manifestations du 11 Décembre 1960 a dû être annulée pour la même raison.