Un événement célébré à la maison de la culture Mouloud Mammeri et dans plusieurs lycées de Tizi Ouzou, ainsi qu'au village natal, Ath Mesbah (Ath Douala), de celui qui fut l'un des fondateurs de l'Etoile nord-africaine (ENA) en 1926. Cette manifestation, organisée par l'association portant le nom du disparu et les directions de la culture et des moudjahidine, a été suivie par des dizaines de collégiens et lycéens, ainsi que par des anciens moudjahidine, des conférenciers universitaires et un public nombreux. Outre des expositions dans le hall de la maison de la culture sur le long parcours de ce grand militant nationaliste décédé en 1960, l'hommage a été marqué également par des conférences-débats d'universitaires, notamment Karim Salhi, enseignant à l'université de Tizi Ouzou, et le fils du vieux militant, Mohamed Imache, qui a édité, à la fin de 2017, aux éditions Koukou, un riche livre intitulé Amar Imache: le pionnier occulté. Tout friand de l'histoire du nationalisme algérien du début du 20e siècle trouvera certainement dans les 110 pages de l'ouvrage de Mohamed Imache l'immense parcours, étape par étape, de l'enfant d'Ath Mesbah, «un des pionniers du nationalisme et père fondateur de l'ENA», mais curieusement occulté, s'interrogent des participants lors des débats. Né le 7 juillet 1895, Amar Imache complétera sa scolarité primaire à l'école de Taguemount Oukerrouche (Ath Douala) avant d'être contraint, très tôt, à aller travailler chez les colons dans la Mitidja. Selon les conférenciers et suivant ses différentes attestations de travail, Amar Imache émigrera en France dès le début de la Première Guerre mondiale, soit à 19-20 ans. Tout en travaillant dans la métropole française, Amar Imache consacrera l'essentiel de sa vie professionnelle à la sensibilisation des ouvriers algériens, avant de réussir l'organisation d'un rassemblement, le 7 décembre 1924 à Paris, des milliers de travailleurs, créant ainsi la première organisation socio-politique, dénommée Congrès des ouvriers nord-africains. «Quand vous lirez ces lignes…» En 1926, cette organisation deviendra Etoile nord-africaine (ENA) pour revendiquer l'indépendance de l'Algérie. Amar Imache initie en 1930 le lancement du journal El Ouma, qui défendra le combat indépendantiste. En 1933, l'ENA, dissoute, deviendra «Glorieuse étoile nord-africaine» (GENA), à la tête de laquelle l'AG des militants, le 28 mai 1933, élira Imache Amar comme SG et rédacteur en chef d'El Ouma. Nouvelle dissolution du parti, avec l'arrestation et l'emprisonnement des principaux animateurs : Belkacem Radjef, Messali Hadj et Amar Imache. Leur libération n'interviendra que 6 mois après. Dans l'immense parcours militant de Imache Amar, qu'il consacre entièrement à la cause nationale pour laquelle il aura tout sacrifié, l'on découvre que l'enfant d'Ath Mesbah n'a décidé de se marier qu'en 1948, une année après son retour au pays en février 1947. La prison l'ayant durement marqué, physiquement diminué, il écrira une lettre d'adieu aux Algériens résidant en France : «Quand vous lirez ces lignes, je serai déjà loin de vous…». Il ajoute plus loin dans sa lettre, reprise dans le livre du fils de ce militant d'exception (p.110): «Vous êtes pourtant de bons musulmans. Vous savez que l'islam réprouve l'injustice, le mensonge, la félonie. Pourquoi avez-vous supporté cela puisqu'on ne peut rien construire avec le faux ? La vérité seule est constructive. Ne laissez pas dénigrer ce qui est bien, et déformer les faits. Car s'il est une chose qu'un peuple ne doit pas laisser déformer, ternir ou voler, c'est son histoire. S'il est une chose qu'un peuple doit défendre, c'est son idéal, et la route qu'il doit suivre pour y parvenir… ». En 1955, Amar Imache, souffrant, rejoint son village natal. En 1959, l'armée française se déploie partout en Kabylie (Opération Jumelles) où elle impose un blocus total, dont le village de ce militant, Ath Mesbah, souffrira atrocement. Amar Imache est décédé le 7 février 1960 à l'âge de 65 ans.