Le front de contestation s'élargit chaque jour à Constantine. Hier, les étudiants de l'ENS sont descendus dans la rue, encore une fois. Ils n'étaient pas seuls à battre le pavé à quelques mètres du siège de la direction de l'éducation. Ils ont été précédés devant ce point de ralliement par les enseignants affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). Les médecins résidents continuent, quant à eux, d'observer leur action au niveau du CHU Dr Ben Badis, après avoir tenté une marche vers le centre-ville il y a quelques semaines. L'ébullition, qui s'est emparée de plusieurs secteurs, s'est aussi propagée au cœur du syndicat UGTA, où les six sections locales ont tenu, samedi dernier, un sit-in devant le siège de la maison du syndicat en signe de protestation contre «les pratiques du secrétaire national chargé de l'organisation du congrès de wilaya». Le mouvement protestataire le plus visible demeure toutefois celui des étudiants de l'ENS en arrêt de cours depuis plus de trois mois. Alors que le spectre de l'année blanche se profile davantage, la protesta ne présente aucun signe d'essoufflement. Les normaliens ont tenu leur piquet de grève avec autant de détermination que les fois précédentes. Cette action prévisible depuis plusieurs semaines, puisqu'elle est devenue un rendez-vous hebdomadaire de la contestation, a été confinée, cette fois-ci, à l'entrée du quartier El Coudiat. La police antiémeute venue en renfort a tôt quadrillé la place de la Pyramide et les accès aux alentours afin d'interdire ce rassemblement, qui a pour conséquence directe la paralysie de la circulation automobile au centre-ville, comme ce fut le cas la semaine écoulée. Leur mobilité réduite en raison du dispositif sécuritaire impressionnant ne les a tout de même pas empêchés de manifester leur colère envers la tutelle. Quelques-uns ont pris la parole pour expliquer les motivations de leur grève à qui veut les entendre. Prendre à témoin l'opinion publique était l'objectif de ce transfert de la contestation depuis l'université Constantine 3, où est implantée l'Ecole normale supérieure, vers le centre-ville. Via un mégaphone, des représentants des étudiants ont rappelé leurs revendications, tout en interpellant la tutelle à les prendre en compte concrètement, auquel cas ils investiront chaque semaine la rue. Ils étaient séparés par quelques mètres seulement du sit-in des enseignants grévistes du Cnapeste. Ces derniers ont tenu à exprimer leur indignation envers les mesures prises à leur encontre par la tutelle. L'appel à une grève illimitée à partir du 30 janvier dernier, initié par le syndicat du secondaire, après l'échec d'une rencontre avec la ministre de l'Education nationale, a largement été suivi à Constantine. «Après les ponctions sur salaire, ce sont les mises en demeure dont nous sommes destinataires, ce à quoi suivront certainement d'autres dispositions administratives, où est la dignité de l'enseignant, où est le droit de grève ?» nous dira une enseignante gréviste. Avant de se disperser, le coordinateur local a lu une déclaration relative aux revendications socioprofessionnelles, où il est question, entre autres, du maintien du cap.