Le manque d'information, voire son inexistence fait que les normaliens grévistes ne sont pas sur la même longueur d'onde. À l'Est, on revendique l'équivalence des diplômes et au Nord, on conteste une instruction accordant cette même équivalence “sous des conditions contraignantes”. Les étudiants des écoles normales supérieures, qui entament leur troisième semaine de grève déclenchée à partir de l'ex-prestigieuse ENS de Kouba, semblent ne pas avoir accordé leurs violons. Les grévistes du nord du pays semblent un peu plus informés que ceux de la région est. Des responsables, enseignants et étudiants de l'ENS Constantine n'ont toujours pas pris connaissance de la dernière mesure portant justement sur l'équivalence du diplôme des normaliens avec celui délivré par les autres universités ou facultés. Une situation que nul ne peut leur reprocher puisque la défaillance est loin d'être à leur niveau. Logiquement, c'est le département de tutelle qui devrait vulgariser les nouvelles dispositions et en informer les administrations concernées. L'épisode raté par l'ENS Constantine et qui fausse les motifs du débrayage des étudiants de cette école concerne la dernière instruction conjointe. Enseignement supérieur-éducation nationale. Et c'est justement cette instruction qui a soulevé le courroux des étudiants de l'ENS Kouba et envenimé davantage la situation. En d'autres termes, le motif de la contestation a dépassé le stade de la revendication de l'équivalence des diplômes, puisque c'est cette même équivalence proposée ces derniers jours qui est remise en cause par les normaliens de la capitale et complètement ignorée par ceux de la région est. Les étudiants de l'ENS Kouba, qui en ont été informés alors qu'ils étaient en grève, ont durci leur mouvement, il y a quelques jours, en prenant d'assaut le siège de l'annexe du MEN pour protester contre le contenu de l'instruction conjointe les concernant. Pour les étudiants, les conditions d'équivalence énoncées dans le document signé par Harraoubia et Benbouzid “sont impossibles et contraignantes”. Alors que les futurs enseignants revendiquent la poursuite de leurs études supérieures au sein même de leurs écoles, l'instruction les oriente vers d'autres universités et facultés pour des licences et des masters en subordonnant cette possibilité à un accord écrit du MEN et à un examen du dossier par l'établissement supérieur choisi. “C'est une équivalence piégée et parsemée d'embûches qui nous a été proposée”, commente l'un des étudiants. Et de s'interroger : “pourquoi nous orienter ailleurs, alors que nous pouvons faire une formation interne ?” M B