L'investissement privé dans le secteur du tourisme peine à décoller. Les opérateurs se plaignent de la lenteur dans le traitement des dossiers, en dépit des orientations du gouvernement. Nonobstant sa situation géographique et ses richesses importantes, la wilaya de Bouira est, au lieu de constituer un véritable moteur pour le développement du secteur touristique, confinée dans une léthargie qui n'a que trop duré. Les raisons sont multiples. Les richesses de la région sont importantes et le potentiel est en hibernation. Le tourisme de montagne, avec notamment le Parc national du Djurdjura (PND), et la station climatique de Tikjda, qui continue d'attirer un nombre croissant de touristes, peuvent améliorer la croissance économique et le développement local. Dans la région, le flux des touristes est en nette progression, a-t-on indiqué à la direction du tourisme et de l'artisanat de la wilaya. Néanmoins, la non-valorisation des sites existants, et surtout l'inertie des pouvoirs publics, tant au niveau central que local, notamment en matière d'accompagnement des opérateurs privés désireux de se lancer dans le domaine, ont freiné le développement du secteur. Le patrimoine est en jachère. Le cas de la station climatique de Tikjda, culminant à plus de 1400 mètres d'altitude sur les hauteurs de la commune d'El Esnam, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, qui enregistre une affluence record de touristes à longueur d'année, illustre parfaitement le manque de vision des pouvoirs publics, pourtant appelés à chercher d'autres ressources en dehors des hydrocarbures. L'investissement privé au niveau de cette région est pour le moins en suspens. Il bute sur des entraves purement bureaucratiques. Pourtant, de nombreux opérateurs porteurs de projets pouvant générer des richesses et surtout des postes d'emploi, ont souhaité s'installer. Le projet des remontées mécaniques prévu à Tikjda est mis aux oubliettes. Plusieurs projets touristiques sont bloqués dans les zones d'expansion touristique (ZET). En plus de ces blocages inexpliqués et injustifiés, en dépit des assurances et des engagements du gouvernement quant à la relance des ZET, l'activité touristique dans la région peine à décoller. Rien que pour illustrer cette situation, Tikjda, qui draine des milliers de personnes, notamment en période hivernale, demeure privée de lignes de transport. ZET bloquées La directive donnée par l'ancien wali de Bouira d'affecter une ligne de transport depuis le chef-lieu de wilaya à Tikjda n'a pas duré longtemps. Le blocage, pour ne pas dire le refus, affiché catégoriquement par les responsables du secteur aux opérateurs privés de s'installer dans la région est aussi pénalisant quant à une relance efficace du secteur. Pourtant, les pouvoirs centraux n'ont de cesse d'inciter ces opérateurs à investir dans le domaine. Beaucoup d'opérateurs qualifient ce discours d'«inefficace». «Cela fait plus de trois ans que j'ai déposé un dossier d'investissement au niveau du Calpiref. Aucune suite ne m'a été donnée en dépit des multiples doléances déposées auprès des autorités locales», dit avec désolation un opérateur désireux d'investir dans le domaine. Le retard dans le traitement et la gestion des cinq ZET que devait abriter la wilaya, à savoir Toumliline 1 et 2 (116 ha), à proximité de la station climatique de Tikjda, Tala Rana (14 ha) dans la commune de Saharidj, Hammam K'Sana (62 ha) relevant dans la commune d'El Hachimia et la forêt d'Errich (111ha) située à la périphérie de la ville de Bouira représentant un total de 314 hectares, illustrent parfaitement l'inefficacité des pouvoirs publics. Les réserves émises à chaque fois par le Parc national du Djurdjura et la conservation des forêts appelés à la préservation du peu restant de la faune et la flore sont à l'origine de ces retards, a indiqué le directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya, Salemi Amar, en expliquant au sujet des projets d'aménagement des zones d'expansion touristique existantes et qui sont toujours au stade de projet, que la nature juridique des terrains relèvent essentiellement des deux organismes. «Ces réserves n'ont pas permis ainsi l'avancement des études et des dossiers», a-t-il dit, en précisant que d'autres opérateurs privés seront installés prochainement au niveau de la commune d'El Hachimia pour investir dans le domaine du tourisme thermal. Le même responsable qui a annoncé la création d'autres zones d'expansion touristique au niveau des communes de Sour El Ghozlane, Aïn Bessem et Ahnif a affirmé que plusieurs projets sont en cours de réalisation visant surtout le renforcement de la capacité d'hébergement qui reste insuffisante.